Paysdu Vexin Normand; Pont-Audemer; Sud de lâEure; SĂ©lectionner une page. Pays du Vexin Normand. PrĂ©sident. Monsieur Thierry FERRE. Adresse. 5, Rue Deslongchamps 27150 ETREPAGNY. 02 32 55 91 78 . Accueil. Etrepagny : lundi au vendredi de 14h Ă 16h. Ce vendredi 11 juin 2021, les membres du bureau nouvellement Ă©lus, se sont rĂ©unis au
ï»żĂ Pontoise â donnĂ©e pour capitale â, la proximitĂ© parisienne se ressent, mais il suffit de sâaventurer un peu dans les terres, au cĆur, pour rencontrer, dâest en ouest, les villages de pierre qui font sans aucun doute lâunitĂ© de lâarchitecture vexinoise française. Ici, les carriĂšres ont tout donnĂ©. Char, avec ses belles demeures aux façades en pierres de taille, sâenfonce dans la roche ; Aincourt multiplie les maisons en blocage de moellons ; Gadancourt affiche un clocher en pierre et une table calcaire dite pierre de Saint-Martin », au sol dâune contre-allĂ©e dâarbres, marque lâentrĂ©e du village. Les joints entre les pierres sont minces et de la mĂȘme teinte. La couleur des villages est douce, presque monotone. Des fermes Ă cour fermĂ©e On dit le Vexin normand plus agricole que son voisin français ; il nâempĂȘche que tous deux partagent lâarchitecture de la ferme Ă cour fermĂ©e, de plus ou moins grande taille selon lâimportance des terres. On peut ainsi voir sur lâun et lâautre territoire un bĂąti agricole fait dâextensions successives. Ces fermes, situĂ©es en centre bourg ou village, sont souvent dotĂ©es dâun colombier ou dâun pigeonnier lire pp. 144-145. Les deux pays portent les traces de lâHistoire rares sont les communes sans chĂąteau ! A minima, on peut y trouver une belle demeure â maison bourgeoise ou de villĂ©giature â qui laisse imaginer la vie dâautrefois. De briques et de tuiles Dans les petites citĂ©s du nord du Vexin français Bachivilliers, Ănencourt-le-Sec, JamĂ©ricourt, Boissy-le-BoisâŠ, la brique est prĂ©sente. Mais il nâest point de village du Vexin normand sans ce matĂ©riau ! Commune aux deux entitĂ©s, la petite tuile de couverture est plus prĂ©sente dans la partie française. Cependant, dans le Vexin bossu, elle couvre 90 % du bĂąti⊠Un troisiĂšme Vexin ? Oui, bosselĂ©, qui descend vers la vallĂ©e de lâEpte, mais normand. Ouf ! Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les matĂ©riaux utilisĂ©s pour le bĂąti sont plus variĂ©s sur le terrtoire normand. NĂ©anmoins, chacun de ces deux pays conserve une identitĂ© forte, qui lui est propre. Karine Dugail| ЧаÏáĄÖĐžŃÏ á ÏÎżĐ»ĐŸá”ОηОĐČ | ԞпŃĐ”ŐœĐ” Đ”ŃŐšŃŐ„ | ĐáŃŃĐŒŐžÖá՞Ύ Ń ŃŃáĐŒĐŸÏÎ”Ï |
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Commel'écrivait un historien normand, Auguste Matinée, dans un. bulletin de la Société Archéologique de la Manche en 1890, c'est bien "une chanson. méchante qui n'est aussi qu'une méchante chanson". D'ailleurs, c'est bien aussi ce que le Grand Larousse Encyclopédique. nous apprend à son sujet : Chanson burlesque, composée à une
Si vous ne connaissez pas encore le Vexin, allez-vous y promener un week-end. Vous y dĂ©couvrirez de magnifiques villages avec des maisons en pierre parfaitement rĂ©novĂ©es. Mais aussi des paysages campagnards Ă perte de vue immortalisĂ©s par de nombreux peintres. Cette rĂ©gion fait le bonheur des Parisiens amoureux de la campagne. Je vous rĂ©pertorie ici quelques-uns des plus beaux villages du Vexin Français. Aujourdâhui, je vous parle du Vexin Français, Ă ne pas confondre avec le Vexin Normand. Le Vexin Français est une rĂ©gion qui sâĂ©tend Ă lâOuest de Paris sur 3 dĂ©partements le Val dâOise, lâOise et les Yvelines. Elle comprend de trĂšs communes dont certaines dâentre elles sont regroupĂ©es au sein du Parc Naturel RĂ©gional du Vexin Français. Vous y dĂ©couvrez un petit patrimoine trĂšs riche et quelques magnifiques villages, chĂąteaux et Ă©glises dissĂ©minĂ©s çà et lĂ dans la paysages sont trĂšs divers et assez vallonnĂ©s ; ce qui fait le bonheur des adeptes de la marche Ă pied ou du vĂ©lo. Il est sillonnĂ© par de trĂšs nombreux parcours balisĂ©s ou sentiers du patrimoine qui vous font traverser marais, coteaux, bois, champs et villages. Câest aussi une terre chargĂ©e dâhistoire. MontgĂ©roult Ce petit village de 350 habitants est situĂ© sur le versant nord de la vallĂ©e de la Viosne, pas trĂšs loin de Pontoise. Câest un petit village tranquille construit sur une petite histoire est liĂ©e aux moines bĂ©nĂ©dictins de Saint-Denis qui sâĂ©taient installĂ©s dans le village au 9e siĂšcle. Ce nâest que bien plus tard, au 17e siĂšcle, que les seigneurs de MontgĂ©roult y ont construit un chĂąteau Ă lâemplacement de lâancienne abbaye. Tout Ă cĂŽtĂ© du chĂąteau, lâĂ©glise Notre-Dame-de lâAssomption date du 11e siĂšcle. Elle a dâabord Ă©tĂ© lâĂ©glise du monastĂšre bĂ©nĂ©dictin avant dâĂȘtre Ă©glise de village. Le chĂąteau et lâĂ©glise sont classĂ©s monuments chĂąteau, de style Louis XIII, est une propriĂ©tĂ© familiale et ne se visite donc quâĂ certaines pĂ©riodes de lâannĂ©e. Il comprend un ensemble formĂ© de 3 pavillons coiffĂ©s dâune trĂšs belle toiture en ardoise et une orangerie. Depuis 1830, le chĂąteau appartient Ă la mĂȘme famille. Nesles-la-VallĂ©e Nesles-la-VallĂ©e est une commune de 1800 habitants situĂ©e prĂšs des grandes villes patrimoniales que sont Auvers-sur-Oise ou lâIsle-Adam. Paisible commune de campagne, Nesles-la-VallĂ©e est traversĂ©e par le Sausseron. Câest une petite riviĂšre qui compte de nombreux moulins le long de ses village comprend quelques beaux monuments dont lâĂ©glise Saint-Symphorien fondĂ©e au 12e siĂšcle, et son presbytĂšre. Elle possĂšde un joli clocher roman Ă contreforts qui se termine par une flĂšche de pierre Ă clochetons. Un manoir datant du 17e siĂšcle, le manoir de Launay. Et un ancien chĂąteau seigneurial transformĂ© en ferme et qui lui, date du 12e siĂšcle. Pour les randonneurs, un tracĂ© le long de lâancienne voie ferrĂ©e vous fera longer quelques ponts et vieux la sortie du village, vous pouvez Ă©galement remarquer la Croix des Friches. Câest lâune des 18 Croix PattĂ©es recensĂ©es du Vexin Français. Je dĂ©taille en fin darticle lâimportance des Croix PattĂ©es du Vexin. ©Momentum Vigny Vigny est un village de 1000 habitants, situĂ© Ă 40 kilomĂštres de Paris, dans la vallĂ©e de lâAubette de Meulan. Jusquâau 14e siĂšcle, un manoir seigneurial se trouvait Ă la place de lâactuelle forteresse mĂ©diĂ©vale. Cet imposant chĂąteau est certainement le principal attrait du village. Il a appartenu aux plus grandes familles de France la famille dâAmboise, la famille de Montmorency, la famille de Rohan. Vigny Ă©tait un village tournĂ© vers la culture cĂ©rĂ©aliĂšre et viticole. Aujourdâhui, il comprend encore trois anciennes fermes, des murs de clĂŽtures en pierres, une Ă©glise du 19e siĂšcle, quelques lavoirs et une ancienne chĂąteau et lâĂ©glise sont actuellement en cours de rĂ©novation. Ces travaux devraient durer jusquâen 2022. ©Le Parisien Wy-dit-Joly-Village Wy-dit-joli-Village est un village, de 330 habitants, situĂ© dans la vallĂ©e de lâAubette de Meulan, Ă environ une cinquantaine de km de Paris. Hormis les maisons trĂšs bien rĂ©novĂ©es, le Bourg possĂšde une belle Ă©glise du 12e siĂšcle, un musĂ©e de lâoutil créé dans lâancien presbytĂšre du 18e siĂšcle, et une fontaine aux eaux miraculeuses⊠Au dire de certains, câest certainement lâun des plus beaux villages du Vexin peu plus loin, dans le hameau du mĂȘme nom, se trouve le Manoir de Hazeville. Câest une magnifique maison de style renaissance qui date de 1560. ThĂ©mĂ©ricourt ThĂ©mĂ©ricourt est un village de 300 habitants, situĂ© dans la vallĂ©e de lâAubette de Meulan. Ce village est Ă©galement trĂšs ancien puisquâil a Ă©tĂ© occupĂ© dĂšs le 5e principaux points dâintĂ©rĂȘt de la commune sont son chĂąteau du 15e siĂšcle et son Ă©glise du 12e siĂšcle. Le chĂąteau abrite aujourdâhui le siĂšge du Parc naturel rĂ©gional du Vexin le village, vous pouvez aussi admirer plusieurs Croix PattĂ©es. Pour les cyclistes et les randonneurs, vous avez de trĂšs nombreux sentiers qui partent de la maison du Parc et sillonnent le Vexin Français. Omerville Omerville est un village de 330 habitants, situĂ© sur le rebord du plateau du Vexin français. Il domine la rive sud de lâAubette de Magny. Câest un village assez ancien puisquâon le retrouve pour la premiĂšre fois dans des Ă©crits en lâan mille. En partie fortifiĂ© au moyen-Ăąge, Omerville a conservĂ© ses ruelles anciennes au tracĂ© possĂšde un riche patrimoine historique, dont son Ă©glise romane du 12e siĂšcle et un calvaire, qui sont classĂ©s au titre des monuments historiques. Mais aussi une ancienne commanderie de templiers actuellement Ferme de la LouviĂšre. Et une croix Ă©tonnante dite Croix Fromage », du 12e siĂšcle, probablement taillĂ©e dans un menhir. Enfin, le manoir de Monray-Villarceaux qui date du 15e siĂšcle. Il est installĂ© au centre du village Ă lâemplacement de lâancien chĂąteau seigneurial des village est lâun de mes coups de coeur parmi les plus beaux villages du Vexin Français. Haute-Isle Haute-Isle est un village de 300 habitants situĂ©e au pied de falaises abruptes et crayeuses. Il sâĂ©tale le long de la Seine que lâon peut voir serpenter entre les iles dâoĂč le nom du village. Câest lâun des rares villages troglodytiques en France. Le village comprend de nombreuses boves », ces caves construites dans la roche. La particularitĂ© du village est dâabriter lâune des 5 Ă©glises troglodytiques de France. Elle date du 17e siĂšcle et a Ă©tĂ© construite entiĂšrement dans la craie. Haute-Isle se trouve sur de nombreux chemins de randonnĂ©e, notamment le GR2, le Circuit des 2 VallĂ©es, ou le âSentier du Patrimoineâ. ChĂ©rence ChĂ©rence est un magnifique village dâenviron 140 habitants isolĂ© au milieu de vastes Ă©tendues de terres agricoles. Ce village, dĂ©jĂ occupĂ© au nĂ©olithique, est fortement personnalisĂ© par ses constructions en pierre extraite de ses abandonnĂ©es, les carriĂšres Ă©taient exploitĂ©es au 18e siĂšcle. Elles ont servi Ă construire de nombreux monuments parisiens, dont les façades de lâarc de triomphe et le dallage de lâĂ©glise de la village possĂšde une jolie Ă©glise constituĂ©e dâune partie romane du 11e siĂšcle et dâune partie datant du 16e siĂšcle. Le plan cadastral napolĂ©onien de 1819 montre que le village est formĂ© de cinq quartiers dâhabitations distincts le Village, le Passoir, la Coursoupe, le Fief Saint-Denis et BĂ©zu. Le village a trĂšs peu Ă©voluĂ© village est lâun de mes coups de coeur de cette sĂ©lection des plus beaux villages du Vexin Français. La Roche-Guyon La Roche-Guyon est un village situĂ© sur les bords de Seine entre VĂ©theuil et Giverny. ClassĂ© parmi Les plus beaux villages de France », il est dominĂ© par un chĂąteau adossĂ© Ă la falaise de craie et un haut dans les ruelles de La Roche-Guyon. Vous y dĂ©couvrez des maisons de campagne au charme envoutant et des demeures typiquement normandes qui vous rappellent que la Normandie est Ă deux le sentier du patrimoine qui vous permettra de dĂ©couvrir la halle seigneuriale, la fontaine sculptĂ©e et les cĂ©lĂšbres boves » ou troglodytes, creusĂ©es Ă mĂȘme la les marcheurs, de nombreux sentiers de randonnĂ©e partent de La Roche Guyon ou de Haute-Isle pour sillonner les paysages du Vexin français. ©Creative Commons VĂ©theuil VĂ©theuil est une petite commune de prĂšs de 900 habitants situĂ©e sur lâun des mĂ©andres de la Seine. Elle est connue pour avoir Ă©tĂ© le lieu de sĂ©jour de Claude Monet, qui y peignit plus de 150 Ćuvres. Vous pouvez dâailleurs voir la petite maison quâil louait sur la rue principale en sortie de village. Historiquement, le village a aussi Ă©tĂ© occupĂ© par les Vikings au 9e siĂšcle lorsquâils prĂ©paraient lâinvasion de lieu le plus emblĂ©matique du village est son Ă©glise. Elle est situĂ©e tout en haut dâun grand escalier de 50 marches qui surplombe le village. Au sommet, vous tombez sur le calvaire qui, comme lâescalier et lâĂ©glise, est classĂ© au titre des monuments mon 3Ăšme coup de coeur des plus beaux villages du Vexin Français. Reilly En bonus, je vous dĂ©voile de cette petite pĂ©pite. Reilly est une petite commune de lâOise dâĂ peine une centaine dâhabitants. Elle est situĂ©e prĂšs de Chaumont-en-Vexin. Reilly est un village mĂ©diĂ©val plein de charme qui comporte quelques jolis monuments Ă dĂ©couvrir loin de la frĂ©nĂ©sie touristique. De veilles maisons en pierre, un chĂąteau du 19e siĂšcle, une Ă©glise du 11 et 12e siĂšcles, un vieux lavoir, et mĂȘme une trĂšs belle abbaye. Vous lâaurez devinĂ©, Reilly est une petite pĂ©pite bien cachĂ©e. DĂ©couvrez le charme de Reilly. Ces lieux devraient aussi vous plaire đž Les 3 plus beaux villages du Vexin Normand đž Les 5 plus beaux villages du Val d'Oise đž Les 5 plus beaux villages des Yvelines đž Les 5 plus beaux villages de l'Oise đž Les 10 plus beaux villages de l'Eure La Croix PattĂ©e symbole du Vexin Français Les Croix PattĂ©es sont lâune des particularitĂ©s du Vexin Français. Vous pouvez en voir sur le bord des routes, sur les places des villages, le long des sont des croix monolithiques taillĂ©es dans le calcaire, qui ont Ă©tĂ© construites entre le 11e et le 13e siĂšcle. Elles servaient Ă lâĂ©poque Ă dĂ©limiter les fiefs, les juridictions, les paroisses ou les seigneuries. On en compte 18 Ă ce jour. Certaines sont classĂ©es au titre des monuments historiques, comme la Croix des Jonquets de Moussy; la Croix Fromage dâOmerville, la Croix Verte de Nesles-la-VallĂ©e, la Croisette de Guiry-en-Vexin et la Croix de lâOrmeteau-Sainte-Marie de ThĂ©mĂ©ricourt. Je veux bien y aller mais câest oĂč le Vexin Français ? Pour plus dâinformations Le Parc Naturel RĂ©gional du Vexin Français Val dâOise Tourisme Oise Tourisme Je suis la crĂ©atrice du site "Villages et Patrimoine". A la fois rĂ©dactrice et photographe, je mets en lumiĂšre nos villages et notre patrimoine en racontant leurs histoires. En lisant mes articles, vous ne dĂ©couvrirez plus les lieux de la mĂȘme maniĂšre !Laville de Vernon garde encore son caractĂšre normand et traditionnel et sâĂ©tale sur les deux rives du fleuve la Seine. Depuis 2017, Vernon sâintĂšgre dans la communautĂ© dâagglomĂ©ration Seine Normandi AgllomĂ©ration (SNA) rassemblant prĂšs de 70 communes et plus de 80 000 habitants. Câest dans ce cadre mĂ©langeant des villes de tailles Reminder of your requestDownloading format TextView 1 to 65 on 65Number of pages 65Full noticeTitle La SociĂ©tĂ© historique du Vexin et le millĂ©naire normand / [discours de MM. Louis Passy, MalathirĂ© et RenĂ© Salles]Author Passy, Louis 1830-1913. Auteur du texteAuthor Depoin, Joseph 1855-1924. Auteur du texteAuthor LefĂšvre-Pontalis, Germain 1860-1930. Auteur du texteAuthor MalathirĂ©, Jules. Auteur du texteAuthor Salles, RenĂ©. Auteur du textePublisher bureaux de la SociĂ©tĂ© historique PontoisePublication date 1911Subject Normandie France - HistoireRelationship textType monographie imprimĂ©eLanguage frenchLanguage FrenchFormat 1 vol. 62 p. ; 26 cmFormat Nombre total de vues 65Description Comprend Les compagnes de Rollon ; Les Normands Ă Saint-ClairDescription Collection numĂ©rique Fonds rĂ©gional Haute-NormandieDescription Collection numĂ©rique Fonds rĂ©gional Ăle-de-FranceDescription Avec mode texteRights Consultable en ligneRights Public domainIdentifier ark/12148/bpt6k5613709sSource BibliothĂšques de la Ville de CompiĂšgne, 2009-155821Provenance BibliothĂšque nationale de FranceOnline date 21/09/2009The text displayed may contain some errors. The text of this document has been generated automatically by an optical character recognition OCR program. The estimated recognition rate for this document is 97%.LA SOCIĂTĂ HISTORIQUE DU VEXIN ET LE MILLENAIRE NORMAND LA SOCIĂTĂ HISTORIQUE DU VEXIN ET LE MILLĂNAIRE NORMAND Mil neuf cent onze ramenait l'anniversaire cent fois se'culaire du traitĂ© qui fit du chef normand, Rollon, le dĂ©tenteur, lĂ©gitime d'une province arrachĂ©e par la guerre Ă la patrie et redevenue par la paix membre de la France fĂ©odale. Ce traitĂ© qui, tout en consacrant la conquĂȘte et en respectant l'autonomie acquise aux conquĂ©rants, les conquĂ©rait Ă leur tour en les plaçant dans l'hĂ©gĂ©monie nationale, ne pouvait laisser que des souvenirs glorieux, amicaux et rĂ©confortants. Un mouvement unanime d'opinion se dessina pour les faire revivre. DĂšs le 19 novembre 1909, le Conseil municipal de Rouen dĂ©cidait de cĂ©lĂ©brer le MillĂ©naife de la fondation du DuchĂ© de Normandie par de grandes fĂȘtes, organisĂ©es Ă Rouen, du 6 au 18 juin 191 r, pour commĂ©morer les hauts faits des Normands et retracer la part d'activitĂ© et de gloire Ă laquelle leur race peut prĂ©tendre dans le patrimoine national ». La principale de ces solennitĂ©s, le CongrĂšs du MillĂ©naire Normand, qui tint ses assises Ă Rouen, du 6 au 10 juin, sous la prĂ©sidence d'honneur de M. Liard, vice-recteur de l'UniversitĂ© de Paris, rĂ©unit les adhĂ©sions les plus nombreuses et les plus honorables. â 4 â Des communications, destinĂ©es Ă former un recueil du plus haut intĂ©rĂȘt, se classĂšrent dans les cinq subdivisions d'un cadre fort bien tracĂ© LittĂ©rature normande ancienne et moderne ; âąâ ArchĂ©ologie normande et beaux-arts ; â Histoire et gĂ©ographie de la Normandie ;â Histoire du droit normand; â Sciences naturelles et sciences mĂ©dicales. Suivant l'exemple de toutes les Associations scientifiques de la rĂ©gion normande, la SociĂ©tĂ© historique du Vexin français et normand rĂ©pondit Ă l'appel adressĂ© au nom de la Ville de Rouen, par M. Lucien Valin, prĂ©sident de la Section du CongrĂšs. Parmi les travaux inscrits Ă l'ordre du jour figuraient des communications de M. Louis Passy [Les premiers historiens de la Normandie, de M. Ferdinand Lot [Histoire ancienne de l'abbaye de Saint-Wandrille, de M. Joseph Depoin La MalĂ©diction' de Saint-Wandrille et L'Origine d'Ariette, mĂšre de Gnillaume-le-ConquĂ©rant, de M. LĂ©on Plancouard Le pays d''Art te. De leur cĂŽtĂ©, les Normands de Paris et de la banlieue, groupĂ©s dans dix-huit SociĂ©tĂ©s amicales, constituaient, sous la prĂ©sidence de M. Salles, professeur d'histoire au lycĂ©e Janson-de-Sailly, un ComitĂ© d'action fĂ©dĂ©ratif auquel venait bientĂŽt s'associer aussi la SociĂ©tĂ© historique du Vexin. Les reprĂ©sentants de son Bureau, M. Germain LefĂšvre-Pontalis, vice-prĂ©sident, et M. J. Depoin, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral^ ainsi que M. le marquis de Boury, vice-prĂ©sident du ComitĂ©, apportĂšrent un concours assidu aux sĂ©ances tri-hebdomadaires d'oĂč sortit la manifestation du 28 mai, Ă Saint-Clair-sur-Epte. Il fut convenu qu'on se rendrait en corps, par un train spĂ©cial, sur le point-frontiĂšre oĂč se passa l'entrevue de Charles-le-Simple et de Rbllon, et que, lĂ , serait apposĂ©e une plaque de marbre, que lĂ SociĂ©tĂ© historique du Vexin, sur la gĂ©nĂ©reuse initiative de M. Germain LefĂšvre-Pontalis, tint Ă honneur d'offrir. Vers midi, le tvain spĂ©cial s'arrĂȘte Ă la station de Bordeaux-Saint-Clair, dans la commune de ChĂąteau-' - 5 â sur-Epte. Toute la bourgade, sur la voie qui conduit de la gare au pont, est pavoisĂ©e, enfeuillĂ©e, enguirlandĂ©e; les portiques de verdure, les oriflammes et les banderoles, couvertes de devises Ă©logieuses et hospitaliĂšres^ s'irradient d'un Ă©clatant soleil. Sur le quai de la gare, les wagons dĂ©versent quatre cents Normands des SociĂ©tĂ©s parisiennes et vingt-cinq membres de la SociĂ©tĂ© historique du Vexin foule joyeuse, radieuse comme le temps, ravie de fraterniser avec ses compatriotes pour fĂȘter la terre natale. A leur descente du train, M. RenĂ© Salles, prĂ©sident du ComitĂ© parisien du MillĂ©naire normand, et les notabilitĂ©s qui l'accompagnent, parmi lesquelles MM. Manquez, ancien prĂ©sident du Conseil gĂ©nĂ©ral de la Seine ; MalĂ©tras, adjoint au maire du 17e arrondissement de Paris; le docteur Lavieille, mĂ©decin de l'ElysĂ©e; les dĂ©lĂ©gations danoise, suĂ©doise et norvĂ©gienne sont reçus par M. Louis Passy, dĂ©putĂ© et prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique du Vexin, entourĂ© de MM. HervĂ©, maire de ChĂąteau-sur-Epte ; Dubus, maire de Saint-Clairsur-Epte ; Milliard et Monnier, sĂ©nateurs de l'Eure ; le marquis de Boury, dĂ©putĂ© de l'Eure et vice-prĂ©sident du ComitĂ© parisien. M. Louis Passy leur souhaite la bienvenue en ces termes ALLOCUTION DE M. Louis PASSY, DĂPUTĂ DE L'EURE aux DĂ©lĂ©guĂ©s des SociĂ©tĂ©s normandes Normands de Paris et Normands de Normandie, soyez les bienvenus ; vous ne venez pas aujourd'hui faire une excursion agrĂ©able sur les rives cĂ©lĂšbres de l'Epte ; vous venez accomplir une action patriotique et constater qu'en cet endroit, il y a mille ans, la Neustrie dĂ©solĂ©e et ravagĂ©e allait enfanter la Normandie par les mains mĂȘmes de ceux qui l'avaient dĂ©vastĂ©e. Normands de Paris, vous avez l'honneur de sonner la fanfare du MillĂ©naire ; vous ĂȘtes les premiers qui faites revivre dans vos mĂ©moires les souvenirs si lointains d'un Ă©vĂ©nement qui est une date dans l'histoire de la France et mĂȘme de la chrĂ©tientĂ©. Que seraient toutes les fĂȘtes qui se prĂ©parent en Normandie et surtout les grandes fĂȘtes de Rouen si vous ne preniez la prĂ©caution d'entendre sonner la cloche du MillĂ©naire Ă la modeste Ă©glise de Saint-Clair-sur-Epte ? Que serait la cĂ©rĂ©monie religieuse qui doit avec magnificence se dĂ©rouler dans la cathĂ©drale de Rouen ? Que serait le tumulte joyeux des fĂȘtes populaires, les banquets, les congrĂšs et les discours officiels et scientifiques si vous ne veniez, par une plaque de marbre, constater qu'il y a mille ans, par l'entremise de l'Eglise, les hommes du Nord et les populations franques, Charles et Rollon ont enfin proclamĂ© la paix ?. Tout discours ici est superflu, nous aurons l'occasion Ă tout moment d'Ă©couter des bonnes paroles qui sortiront de vos mĂ©moires et de vos coeurs. Je suis venu vous saluer Ă a Bordeaux-de-SaintClair, dans le pays normand, je vous quitte et je vous devance pour vous saluer' sur l'autre rive de l'Epte, dans le pays français, car c'est en France que nous allons fĂȘter gĂ©nĂ©reusement la naissance de la Normandie. Vive la France ! Vive ja Normandie ! »^i AprĂšs un Ă©change de paroles de bienvenue et de remerciements entre le Maire de ChĂąteau-sur-Epte et le prĂ©sident du ComitĂ© parisien, le cortĂšge se forme. On y remarque, avec les dĂ©putĂ©s de Normandie, M. Maurice Guesnier, dĂ©putĂ© de Seine-et-Oise ; MM. Maurice Hervey et Drouet, conseillers gĂ©nĂ©raux ; Villard et Tricot, conseillers d'arrondissement ; la dĂ©lĂ©gation de la Ville de Rouen ; de nombreux maires des alentours. Deux SociĂ©tĂ©s historiques sont particuliĂšrement reprĂ©sentĂ©es par des dĂ©lĂ©gations de leur Bureau. La SociĂ©tĂ© libre de l'Eure l'est par MM. Besnier, archiviste dĂ©partemental; le capitaine Dubois, l'abbĂ© GuĂ©ry, Guillemare, Lecointe, Louis RĂ©gnier, aussi membres, pour la plupart, de la SociĂ©tĂ© historique du Vexin. Le Bureau de celle-ci est presque au grand complet avec MM. Louis Passy, prĂ©sident ; Auguste Rey, Germain LefĂšvre-Pontalis et Ernest Mallet, maire de Pontoise, vice-prĂ©sidents ; Depoin, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral ; Henri Lebas, archiviste; Mareuse, membre du Conseil. Le cortĂšge s'arrĂȘte sur le pont, Ă l'entrĂ©e de SaintClair, non moins bien dĂ©corĂ© que la rive opposĂ©e ; M. Dubus, maire, prĂ©sente aux hĂŽtes de sa commune ses souhaits de bienvenue, et l'on se rend Ă la salle du festin, ingĂ©nieusement improvisĂ©e au rez-de-chaussĂ©e d'un bĂątiment oĂč 640 convives, parfaitement Ă l'aise, s'installent pour dĂ©jeuner aussi fraĂźchement et aussi confortablement que possible. Les toasts furent, sans souci de leur nombre et de leur Ă©tendue, accueillis avec faveur, voire avec enthousiasme. AprĂšs les remerciements de M. le maire de Saint-Clair au ComitĂ© parisien, Ă la SociĂ©tĂ© du Vexin et Ă la MunicipalitĂ© de Rouen, l'un des reprĂ©sentants de celle-ci, M. l'adjoint MalathirĂ©, prononçait un discours dont on jugera par ce trop court extrait Il ne m'appartient pas, Messieurs, de vous retracer l'histoire de âąnotre Normandie, de vous parler de son passĂ© si brillant, de ses luttes, de ses victoires et aussi de ses revers ; d'autres plus autorisĂ©s, avec l'autoritĂ© qui s'attache Ă leurs travaux et Ă leur savoir, se sont chargĂ©s de ce soin. AprĂšs eux cependant, avec la modestie qui convient, mais avec la plus grande conviction, je veux vous dire l'attachement profond que nous avons pour notre petite patrie. Sans doute, depuis l'annĂ©e 1204, c'est-Ă -dire depuis sept cents ans, nous faisans partie de la grande famille française, mais si nous sommes profondĂ©ment attachĂ©s Ă notre pays, si la France est pour nous l'objet d'un vĂ©ritable culte et du patriotisme le plus ardent, nous conservons au fond du coeur une affection profonde Ă notre petite patrie normande, et les raisons en sont nombreuses. Ce n'est pas, en effet, sans orgueil, sans une pensĂ©e d'admiration, et de reconnaissance que nous pensons Ă tous ces grands Normands qui, au cours des siĂšcles, ont pris un,e part si active aux destinĂ©es de notre pays et qui, dans les arts, dans la littĂ©rature, dans la science, ont Ă©levĂ© bien haut le nom normand, ont illustrĂ© notre race. Ce n'est pas sans'orgueil que nous Ă©voquons le souvenir de ces hardis navigateurs, qui ayant hĂ©ritĂ© de leurs ancĂȘtres l'esprit d'entreprise, d'audace et d'initiative, sillonnaient les mers, portaient sur tous les points du globe le pavillon français, dĂ©couvraient, colonisaient, peuplaient des terres nouvelles, y plantaient fiĂšrement notre drapeau et augmentaient sans cesse le patrimoine national. -Ce n'est pas non plus sans admiration que nous contemplons dans toute notre Norrgandie ces monuments magnifiques, Ă©loquents et splendides, tĂ©moins d'un passĂ© brillant, qui attestent la foi, l'initiative, le gĂ©nie de nos pĂšres. Nous les saluons avec Ă©motion, ces monuments dont l'histoire se confond avec celle de nos provinces, qui trop souvent ont subi la loi du vainqueur, parfois'incendiĂ©s et rasĂ©s dans la dĂ©vastation de la guerre et du pillage, mais toujours relevĂ©s aprĂšs la tourmente, encore plus beaux, encore plus grands et plus magnifiques, par '*. des mains pieuses, par dĂšs coeurs ardents, par des esprits indomptables, tĂ©moignant ainsi Ă leurs descendants ce que l'on peut attendre de l'Ă©nergie, de l'endurance de la foi dans l'avenir, alliĂ©es au souci de l'art le plus fin et le plus dĂ©licat. Nous aimons encore notre Normandie pour la richesse de sa nature, pour la beautĂ© de ses sites, pour les lignes harmonieuses de ses paysages ; nous aimons son ciel gris si plein de poĂ©sie, dont la tonalitĂ© s'allie si bien Ă la douce beautĂ© de ses vallĂ©es et de ses collines. Qui d'entre nous, Messieurs, au retour d'un voyage, aprĂšs avoir admirĂ© comme il convient d'autres aspects plus sauvages et plus grandioses de la nature, n'a pas retrouvĂ© avec une infinie satisfaction, avec une joie filiale nos prairies si vertes, nos paysages si doux et si gracieux ?... Messieurs, je lĂšve mon verre en l'honneur de nos ancĂȘtres ; je bois Ă la Normandie toujours plus belle dans la France toujours plus grande et toujours plus prospĂšre. Ce discours achevĂ© et saluĂ© d'un triple ban, M. Maurice Guesnier, membre de la SociĂ©tĂ© historique du Vexin, dĂ©putĂ© de Mantes, et qui se trouve Ă Saint-Clair dans sa circonscription, se levait pour rendre hommage Ă tous les Normands. â g â Je ne puis mieux le faire, dit-il, qu'en rendant le plus chaleureux hommage Ă celui qui personnifie si bien ici la race normande, au doyen d'Ăąge de la Chambre des dĂ©putĂ©s, qui sait si bien donner d'excellents conseils. » Je bois Ă la santĂ© de M. Passy, auquel je souhaite encore longue vie, et en le faisant je bois Ă la santĂ© de tous les Normands. » M. Passy, trĂšs Ă©mu de ce concert d'Ă©loges, car toute la salle a frĂ©nĂ©tiquement applaudi le toast du dĂ©putĂ© de Mantes, prend Ă son tour la parole. TOAST DE M. LOUIS PASSY au Banquet du MillĂ©naire Normand MES CHERS COMPATRIOTES, Il ne faut pas nous quitter sans, offrir le tĂ©moignage de notre gratitude Ă tous ceux qui sont venus manifester aujourd'hui pour la glorification de la Normandie. L'histoire du traitĂ© de Saint-Clair-sur-Epte a pour ceux qui l'ont Ă©tudiĂ© les obscuritĂ©s d'une lĂ©gende, mais cette lĂ©gende est belle et il faut y croire. C'est la lĂ©gende de la paix. AssurĂ©ment, dans le Dudon de SaintQuentin, le confident attitrĂ© des premiers ducs de Normandie, on aperçoit des lacunes ; ainsi nous ne savons pas si aprĂšs les accords de Rollon et du roi Charles, les Normands et les Français ont soupe ensemble, et trinquĂ© avec du vin et du cidre. Je suis portĂ© Ă croire que les provisions venaient de France, puisque c'est de France, de Chaumont, de SaintClair que nous viennent les ressources du banquet qui nous permet de fraterniser en l'honneur de nos ancĂȘtres. Aussi je me crois autorisĂ© au nom de la SociĂ©tĂ© historique du Vexin normand et du Vexin français, c'est-Ă dire du Vexin tout entier, de porter tout d'abord la santĂ© des maires et des municipalitĂ©s de Saint-Clairsur-Epte et de ChĂąteau-sur-Epte qui se sont rĂ©unis pour nous recevoir dans un commun effort. Puis je porte la santĂ© de M. Salles, prĂ©sident des Normands de Paris, auquel en toute, justice nous avons dĂ©fĂ©rĂ© la prĂ©sidence, et de M. de Boury, son infatigable collaborateur, et de tous ceux qui ont travaillĂ© Ă la belle fĂȘte qu'ils ont provoquĂ©e et accomplie. Mais ce millĂ©naire, ce souvenir d'un grand Ă©vĂ©nement dans les annales de la France et de la chrĂ©tientĂ©, serait-il parvenu jusqu'Ă nous, si les patriotes et les savants n'en avaient pas recherchĂ© l'histoire dans les profondeurs du passĂ©. J'ai qualitĂ© pour honorer aujourd'hui tous les savants qui se sont appliquĂ©s depuis un demi-siĂšcle surtout, Ă Ă©clairer notre histoire par des travaux mĂ©morables. Je rappelle avec orgueil le nom des amis de ma jeu-. nesse Auguste Le PrĂ©vost, LĂ©opold Delisle, Jules Lair, Depping, de Beaurepaire, et puisque je vis encore j'offre mes hommages reconnaissants aux tĂ©moins et aux acteurs de notre fĂȘte du MillĂ©naire Ă Prentout, si impartial et si savant ; Ă Monod, Georges Dubosc, Loth, Mgr Fuzet; Ă mes confrĂšres de la SociĂ©tĂ© du Vexin, Joseph Depoin, Germain LefĂšvre-Pontalis, et au dernier venu dans les mĂȘlĂ©es de la science, Ă mon compatriote de Gasny, Albert Petit, qui vient Ă la veille de notre rĂ©union d'Ă©tudier magistralement le traitĂ© de Saint-Clair-sur-Epte et de publier une histoire de la Normandie, Ă laquelle vous souhaiterez avec moi un succĂšs populaire. Hommage Ă vous, et de tout coeur, merci. Vous avez rĂ©pondu par vos travaux Ă l'enthousiasme du vieux Dudon de Saint-Quentin, lorsqu'il prĂ©dit le rĂŽle qu'allait jouer dans le monde, au profit de la France pacifiĂ©e et rajeunie, la race remuante et avisĂ©e qu'elle s'est annexĂ©e. Mais cette race, la France ne tardera pas Ă l'absorber et la Normandie française gagnera la bataille de l'histoire. Enfin, M. RenĂ© Salles clĂŽt la sĂ©rie des toasts. AprĂšs avoir affirmĂ© que le ComitĂ© parisien du MillĂ©naire avait tenu non seulement toutes ses promesses, mais encore plus que ses promesses, il remercie les dĂ©lĂ©guĂ©s des SociĂ©tĂ©s Scandinaves qui sont venus affirmer leur parentĂ© lointaine avec la nĂŽtre. Il remercie la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique du Vexin et fait Ă son tour le plus vif Ă©loge de M. Louis Passy. Il boit Ă une Normandie plus fiĂšre de son passĂ©, plus convaincue de sa force, Ă une Normandie prĂȘte pour de grandes destinĂ©es. Il est quand le cortĂšge se forme pour aller procĂ©der Ă l'inauguration de la plaque commĂ©morative apposĂ©e sur une maison appartenant Ă M. HervĂ© et sise en partie sur la riviĂšre d'Epte. Au pied de cette maison se trouve la borne sĂ©parant le' territoire des dĂ©partements de Seine-et-Oise et de l'Eure. La plaque est tout entiĂšre sur l'Eure. Elle porte l'inscription suivante 911 A SAINT-CLAIR-SUR-EPTE FUT CONCLU LE TRAITĂ QUI ĂTABLIT EN FRANCE . ROLLON ET LES NORMANDS AUX ANCĂTRES LES NORMANDS RECONNAISSANTS ICI I Tout auprĂšs de la maison une estrade est dressĂ©e, oĂč se placent les autoritĂ©s. Les SociĂ©tĂ©s musicales jouent la Marseillaise. M. Louis Passy, auquel en ses multiples qualitĂ©s de dĂ©putĂ© du pays, doyen de la Chambre, prĂ©sident du Conseil gĂ©nĂ©ral de l'Eure, membre de l'Institut et prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© historique du Vexin, revient Ă tous Ă©gards en celte solennitĂ©, l'honneur du premier rang, prononce le discours suivant DISCOURS DE M. Ă l'inauguration de la Plaque commĂ©morative du MillĂ©naire normand Ă Saint-Clair MESDAMES, MESSIEURS, MES CHERS COMPATRIOTES, MES CHERS CONFRĂRES, MES CHERS AMIS, Le moment est solennel. Vivez dans le prĂ©sent et regardez cette plaque de marbre le souvenir du passĂ© s'offre Ă vos regards. Vivez dans le passĂ© et que vos imaginations Ă©voquent la scĂšne qui s'est dĂ©roulĂ©e sur les bords de TEpte. Le roi Charles-le-Simple est arrivĂ© escortĂ© par Robert, comte de Paris, et par les seigneurs français. Rollon arrive par la route de Rouen, l'archevĂȘque de Rouen, Franco ou Viton l'accompagne, c'est le nĂ©gociateur, c'est l'ambassadeur, c'est l'orateur, les conditions du traitĂ© sont rĂ©solues d'avance. Charles consent Ă cĂ©der Ă Rollon, le chef des Normands qui occupent la Seine, une partie de la Normandie, depuis l'Epte jusqu'Ă la mer, sous la rĂ©serve de sa suzerainetĂ©. Suivant l'usage de ces temps, comme gage de paix, Dudon raconte que Charles offrit Ă Rollon en mariage sa fille GisĂšle, et comme elle Ă©tait grande et agrĂ©able, dit-il, Rollon l'accepta. On a voulu supprimer GisĂšle. Je la maintiens et je la salue. Elle orne le paysage. D'autre part, Rollon devient chrĂ©tien, l'archevĂȘque de Rouen lui donnera le baptĂȘme et Robert, comte de Paris sera son parrain. La cĂ©rĂ©monie du baptĂȘme sera l'occasion de larges donations aux Ă©glises, aux abbayes et aux compagnons du chef victorieux. La paix est faite. VoilĂ ce que l'on appelle le traitĂ© de Saint-Clairsur-Epte ; voici l'acte que mille ans ont consacrĂ© et qui vous permet d'acclamer avec moi la fusion des hommes du Nord et des hommes de la Neustrie. Vive la Normandie ! Mais n'oublions pas que dans trois cents ans, _. ,3 â le roi Philippe-Auguste prendra Gisors et rĂ©unira la Normandie- Ă la France. Vive la Normandie ! Vive la France ! M. RenĂ© Salles, prĂ©sident du ComitĂ© parisien et de la SociĂ©tĂ© le Mont Margantin groupement amical des Normands de l'Orne, a exposĂ© ensuite en ces termes le but que la FĂ©dĂ©ration des Associations Normandes de Paris envisageait, en provoquant cette manifestation MESDAMES, MESSIEURS, ... Le ComitĂ© Parisien, qui a pris l'initiative de cette fĂȘte et travaille depuis de longs mois Ă en assurer l'Ă©clat, a voulu que le MillĂ©naire dĂ©butĂąt aux lieux mĂȘmes oĂč fut conclu le traitĂ© fameux qui Ă©tablit dĂ©finitivement en France Rollon et les hommes du Nord, et implanta en notre province une race neuve et prĂȘte pour les grandes choses, une race dont l'activitĂ© maritime, commerciale, coloniale et terrienne a Ă©tĂ© telle dans le monde que par la persistance de l'effort et la grandeur des Ă©tablissements, elle doit ĂȘtre comparĂ©e, suivant les expressions d'un historien contemporain, Ă ce qu'il y eut de plus hardi dans l'histoire des peuples modernes... ... A ce traitĂ© de Saint-Clair-sur-Epte nous devons notre nom. Avant Rollon, notre terre avait portĂ© des dĂ©nominations peu durables et sans relief. Rollon et ses iarls » nous ont apportĂ© un Ă©tat-civil tout neuf et qui nous sert depuis dix siĂšcles. Ils nous ont faits Normands de Normandie »... ... A ce traitĂ© nous devons encore, si lointaines et mystĂ©rieuses qu'en paraissent les origines premiĂšres, quelques-unes des qualitĂ©s fonciĂšres de la race. ... Ce qui Ă©clate aux yeux, c'est aprĂšs la conquĂȘte la transformation profonde, extraordinaire et sous la violente poussĂ©e des. nouveau-venus, un bouleversement gĂ©nĂ©ral, et du mĂȘme coup un merveilleux Ă©panouissement de beaux caractĂšres, de progrĂšs de toute sorte, d'aventures invraisemblables... A cet afflux de sang nouveau, Ă cette pĂ©nĂ©tration de deux natures et deux races dissemblables, nous devons l'heureux Ă©quilibre des vertus qui, dit-on, nous sont propres le. goĂ»t innĂ© de l'action, la persĂ©vĂ©rance allant jusqu'Ă l'obstination, le sĂ©rieux d'esprit, l'attachement au sol et Ă son bien », un singulier mĂ©lange de l'esprit d'aventure ancestral et de prudence acquise, la passion de ce qui est clair, bien ordonnĂ©, fortement organisĂ©; â i4 â rien Ă la vĂ©ritĂ© de ce qui fait les hĂ©ros, mais tout ce qu'il faut pour faire des hommes. Aux Normands de la conquĂȘte et aux fortes gĂ©nĂ©rations qui ont suivi nous devons, enfin, un magnifique patrimoine de gloire... Quelle histoire merveilleuse, et que de pages splendides dans cette histoire ! C'est un modeste duchĂ© qui devient royaume, et s'enfle en un puissant empire. Ce sont quelques milliers d'hommes qui Ă©touffent dans les limites Ă©troites de leur province et qui vont se rĂ©pandre dans le monde entier pour accomplir une oeuvre gigantesque la conquĂȘte de l'Angleterre, les beaux faits d'armes en Orient et dans les croisades, la fondation du royaume des Deux- Siciles, la maĂźtrise des mers, la dĂ©couverte de pays inconnus, la colonisation du Canada, la propagation, dans le monde de la civilisation, de notre nom, de notre langue française et de notre culture. .. Un de nos vieux historiens a dit d'eux que jamais principautĂ© ne fit plus rapidement d'aussi grandes choses. »... C'est tout cela que nous avons voulu glorifier Ă Saint-Clair-surEpte en cette phrase lapidaire AUX ANCĂTRES LES NORMANDS RECONNAISSANTS Au nom du ComitĂ© Parisien ,du MillĂ©naire de la Normandie qui, avec le concours de la SociĂ©tĂ© historique du Vexin, a Ă©rigĂ© ce marbre, je remets entre les mains et sous la garde de M. le Maire de Saint-Clair-sur-Epte cette plaque commĂ©morative, pieux hommage des Normands d'aujourd'hui aux grands Normands d'autrefois. M. le Maire de Saint-Clair remercie les donateurs de la plaque en exprimant l'espoir qu'un jour un monument commĂ©moratif viendra l'encadrer. Puis un descendant Ă la trente et uniĂšme gĂ©nĂ©ration de Rollon, M. Finnbogason, professeur de philosophie, de Reykjawik Islande, dĂ©clame dans la langue de son pays, qui fut celle des anciens vikings, une ode en l'honneur de Rollon et de la Normandie, dont M. Verrier veut bien donner la traduction. La cĂ©rĂ©monie Ă©tait accomplie. Pour terminer la journĂ©e, le ComitĂ© local avait organisĂ© une excursion Ă ChĂąteau-sur-Epte. C'Ă©tait un pĂšlerinage archĂ©ologique aux restes d'un donjon bĂąti en Normandie par Guillaumele-Roux, reconstruit au XIIe siĂšcle par Louis-le-Jeune. Son propriĂ©taire actuel, membre de la SociĂ©tĂ© histo- rique du Vexin, M. Jean MĂ©ry de Bellegarde, avait eu la dĂ©licate pensĂ©e d'y faire 'flotter l'Ă©tendard normand. Laissons ici la parole au Journal de Rouen qui, dĂšs le surlendemain, publiait un compte-rendu dĂ©taillĂ© Elle a encore fort bon air cette ancienne place forte qui commandait alors Ă toute la vallĂ©e et dĂ©fendait si bien le duchĂ© de Normandie ; ses murs d'enceinte avec leurs deux portes, ses fossĂ©s et les ruines de la vieille tour sur laquelle flottent pour la circonstance le drapeau de Rollon, ont un caractĂšre imposant. Elle offrait d'ailleurs pour cette journĂ©e de dimanche une promenade splendide qu'ont mise Ă profit les excursionnistes en nombre considĂ©rable venus assister aux fĂȘtes de Bordeaux et de Saint-Clair. On Ă©valuait, en effet, Ă plus de i,5oo le nombre des personnes qui s'y sont rendues et dont beaucoup ont tenu Ă monter Ă la tour ce fut un des gros Ă©lĂ©ments du succĂšs de la journĂ©e. Dans l'enceinte, un concert est donnĂ© par la musique d'Ecos, qui s'est prodiguĂ©e toute la journĂ©e; puis, sur la demande de M. HervĂ©, maire de ChĂąteau-sur-Epte, M. Louis RĂ©gnier, le savant archĂ©ologue bien connu, fait une causerie des plus intĂ©ressantes sur les origines et les dĂ©veloppements de la forteresse. Il raconte quelques-uns des Ă©vĂ©nements dont elle fut le théùtre. BĂątie en 1097 par Guillaume-le-Roux, elle cessa de paraĂźtre dans l'histoire vers 1418, pendant l'occupation anglaise. AprĂšs cette causerie qui fut trĂšs applaudie, un nouveau concert a lieu au cours duquel on entendit la plupart de nos vieux airs normands toujours si populaires. Par ce temps splendide, personne n'Ă©tait pressĂ© de rentrer chez soi ; aussi la soirĂ©e, aux Bordeaux comme Ă Saint-Clair, fut-elle des plus animĂ©es. Aux Bordeaux, les infatigables musiciens d'Ecos donnent un dernier concert ; les fĂȘtes foraines battent leur plein. A Saint-Clair, les Normands de Paris banquĂštent Ă nouveau et un feu d'artifice clĂŽture cette belle journĂ©e de fĂȘtesdont on gardera longtemps le souvenir sur les bords de l'Eptc. COMMUNICATIONS PRĂPARĂES 'Pour la SĂ©ance solennelle du 18 Mai iqi i A SAINT-CLAIR-SUR-EPTE Lues Ă l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de la SociĂ©tĂ©, Ă Pontoise le 3o Juin igi i LES COMPAGNES DE ROLLON Par M. J. DEPOIN SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral II LES NORMANDS A SAINT-CLAIR Par M. GERMAIN LEFĂVRE-PONTALIS Vice-PrĂ©sident LES COMPAGNES DE ROLLON Les Unions Ă la Danoise C'est un fait bien connu, grĂące aux historiens normands, qu'en s'installant dans les provinces françaises du Nord-Ouest, les Scandinaves y apportĂšrent un usage particulier, celui de prendre pour compagnes temporaires des femmes gĂ©nĂ©ralement Ă©trangĂšres, parfois de leur propre nation, dont les enfants, Ă dĂ©faut d'hoirs issus de mariages lĂ©gitimes, obtenaient les honneurs ou recueillaient les hĂ©ritages paternels. Rollon donna l'exemple de cette coutume en s'unissant, more danico, Ă une noble Française Popa ', mĂšre de son successeur Guillaume Longue-ĂpĂ©e. Celui-ci et plus tard Richard II et Robert le Diable, ses desceni desceni Eckel Charles-le-Simple, p. 80, l'appelle Poupe. La graphie latine constante est Popa. Le trouvĂšre BenoĂźt la nomme Popain, ce que justifie le dĂ©rivĂ© Popincourt, Popanae curtis. Au Dictionnaire des Postes ne se voit aucun dĂ©rivĂ© de la forme Povve. dants, adoptĂšrent la danesche maniĂšre » pour rĂ©gler leurs affaires de coeur 0 et presque Ă chaque rĂšgne, sans les enfants de l'amour, la dynastie rollonide se serait Ă©teinte. Avant Popa, Rollon eut, aux Iles Britanniques, une compagne qu'il y laissa, ainsi qu'une enfant, Kadlin, dont la fille Nidbjorg fut capturĂ©e par un envahisseur de l'Ecosse vers 934 2. Si l'on en croit Dudon, historien des origines de la maison ducale, Rollon en se faisant chrĂ©tien aprĂšs le premier traitĂ© de Saint-Clair-sur-Epte, celui de 911 3, dĂ©laissa Popa, sa seconde compagne, pour Ă©pouser GisĂšle, fille de Charles-le-Simple, le roi de France qu'il acceptait de reconnaĂźtre pour son suzerain. GisĂšle Ă©tant morte Ă Rouen au bout d'un certain nombre d'annĂ©es, Rollon rappelant Popa, lui donna le rang d'Ă©pouse lĂ©gitime 4. Quelle valeur a, sur ce point, le tĂ©moignage de Dudon? Le regrettĂ© Jules Lair a dĂ©fendu, avec un grand talent, l'autoritĂ© des rĂ©cits que tenait le doyen de SaintQuentin de la bouche de Raoul, comte d'Ăvreux, frĂšre utĂ©rin de Richard Ier de Normandie. Cette collabo1 collabo1 dit le trouvĂšre Benoit Chronique des Ducs de Normandie, Ă©dit. Fr. Michel, 1835 ; p. 3ç>o Ă propos de Guillaume Longue-EpĂ©e et de Sprote qui ert Ă©tait gentil pucele » Icele ama moult et tint chĂšre, Mais Ă la danesche manere La voult avoir, non aultrement Ce dit l'estoire, qui ne ment. 2 Remarques de M. Johannes Steenstrup Ă la suite de l'Elude sur Guillaume Longue-EpĂ©e de Jules Lair ; CongrĂšs archĂ©ol. de France, LXe session Abbevillej ; 1895, in 8°, p. 325. 3 L'itinĂ©raire de Charles-le-Simple oblige Ă placer ce traitĂ© en 911, entre le 20 juillet victoire remportĂ©e Ă Chartres sur les Normands et le mois de dĂ©cembre Eckel, p. 70. 4 Ce fait, attestĂ© par plusieurs Annales neustriennes qui sur ce point, ne dĂ©rivent pas Ă coup sĂ»r de Dudon, prouvent que Popa vivait lors du mariage de GisĂšle et qu'elle fut Ă©loignĂ©e puis rappelĂ©e 916. Mortua Gisla, accepit Rollo Popam uxorem... » Popa avait Ă©tĂ© sĂ©parĂ©e de son fils Guillaume, confiĂ© Ă son parrain Bothon, comte de Bayeux. â ig â ration, Dudon l'affirme Ă deux reprises, notamment en qualifiant le vieux comte Raoul totius operis relatorem ». Il ajoute qu'en Ă©crivant l'histoire de la dynastie rollonide, il obĂ©it au voeu de Richard Ie'' mort le 20 novembre 996 qui, dans les deux derniĂšres annĂ©es de sa vie, conversait avec lui, more frĂ©quentativo. Dudon prenant dans sa prĂ©face le titre de doyen de Saint-Quentin, n'a pas eu l'occasion de rappeler qu'il exerçait, aprĂšs la mort de Richard, les fonctions de chapelain auprĂšs du nouveau duc Richard II et qu'il lui servit encore de chancelier tout au moins en 1013 revendique-t-il le titre de .chapelain du prince tout en dĂ©clarant, au bas d'une charte de Raoul d'Evreux, que luimĂȘme l'a composĂ©e et l'a Ă©crite 1. Dudon sĂ©journant ainsi en Normandie, ne pouvait manquer d'y recueillir des traditions et aussi des textes. 11 renvoie lui-mĂȘme Ă d'autres rĂ©cits et il semble bien qu'il ait empruntĂ© Ă des Annales neustriennes la mention relative au sac d'Evreux par les Normands, auquel Ă©chappa miraculeusement l'Ă©vĂȘque Sebard 2, et peutĂȘtre d'autres renseignements encore. Si le comte Raoul Ă©tait un bon informateur pour toutes les questions militaires ou politiques, en gĂ©nĂ©alogie il Ă©tait bien moins ferrĂ©, au point que le nom de son aĂŻeul maternel n'est pas mĂȘme exprimĂ© dans les rĂ©cits dictĂ©s Ă Dudon. 1 MalgrĂ© la note catĂ©gorique d'Auguste Le PrĂ©vost sur le ms. lat. 5423, fol. 119 Ceci est faux », nous ne pouvons admettre que la charte visĂ©e, Ă©manant de Roditlfus cornes peccator Ebrocassini comitatus » et de sa femme Albreda » soit un document fabriquĂ©. Les Ă©nonciations topographiques qu'il contient sont trop incertaines pour qu'on ait eu quelque intĂ©rĂȘt Ă le supposer au xue siĂšcle on l'eĂ»t rĂ©digĂ© tout autrement. 2 Il n'est guĂšre vraisemblable que ce renseignement ait Ă©tĂ© fourni Ă Dudon par le comte Raoul. Les anciennes Annales dont on trouve des variantes dans un grand nombre de manuscrits provenant de presque tous les points de la Normandie ne sauraient ĂȘtre considĂ©rĂ©es, Ă priori, comme tirĂ©es de Dudon qui n'indique aucune date. M. Ferdinand Lot se propose de consacrer une Ă©tude d'ensemble, qu'elles attendent depuis longtemps, Ă ces Annales dont plusieurs sont encore inĂ©dites. 20 â Cette infĂ©rioritĂ© s'explique par la situation sociale dĂ©chue oĂč Raoul passa son enfance et les belles annĂ©es de sa jeunesse. Sa mĂšre, la bretonne Sprota, aprĂšs la mort de Guillaume Longue-EpĂ©e, restĂ©e sole et dĂ©conseillĂ©e », dit le trouvĂšre BenoĂźt, dut se donner Ă la danoise » la malheureuse Ă©choua chez un riche Normand, exploiteur des moulins de VaudreĂčil-sur-Eure; on le connaĂźt seulement par son surnom Ă 'Asperleng l'Eperlan. Asperleng laissa toute sa- fortune Ă ses enfants lĂ©gitimes, et Raoul le fils nĂ© de Sprota n'eut longtemps d'autre Ă©tat que celui de valet de chasseurs. Aussi sa documentation gĂ©nĂ©alogique, du moins telle que Dudon nous l'a transmise, prĂ©sente-t-elle d'Ă©tranges lacunes. Le but du doyen de Saint-Quentin paraĂźt, d'ailleurs, avoir Ă©tĂ© d'Ă©crire une sorte d'Ă©popĂ©e, en prose entrecoupĂ©e de vers, des origines de la dynastie Rollonide. Dans ces conditions, quelle autoritĂ© prĂ©sentent ses assertions au sujet de la rĂ©pudiation momentanĂ©e de Popa et de l'alliance carolingienne de Rollon ? Sa bonne foi et la notoriĂ©tĂ© de la tradition qu'il relate ont un sĂ»r garant. Rien de moins flatteur que ses rĂ©vĂ©lations pour la postĂ©ritĂ© de Guillaume Longue-EpĂ©e. Plus tard on reprĂ©sentera Guillaume comme fils de GisĂšle. Dudon, sans tomber dans un pareil mensonge, pouvait laisser ignorer GisĂšle, et se borner Ă dire que sur la fin de sa vie Rollon fit de Popa sa femme lĂ©gitime et la rendit mĂšre de Guillaume. C'eĂ»t Ă©tĂ© moins glorieux que de donner Ă celui-ci une princesse pour mĂšre supposĂ©e, mais moins dĂ©sobligeant que d'affirmer sa bĂątardise. Au temps oĂč Ă©crivait Dudon, les habitants de Bourges venaient, en IOI3, de s'insurger contre l'archevĂȘque dĂ©signĂ©, Gausiin, un fils naturel de Hugues Capet, en poussant cette clameur indignĂ©e Nolumus dominare super nos JĂźlium scorti. » rĂ©sidait un mĂ©tropolitain, Robert, arriĂšreneveu de Rollon, qu'en 989 Richard Ier avait voulu placer sur ce siĂšge. Mais sa mĂšre Ă©pousĂ©e qu'A la danoise. Le peuple et le clergĂ© exigĂšrent de Richard qu'il cĂ©lĂ©brĂąt un mariage chrĂ©tien et sous le paile ou drap nuptial que nous appelons poĂȘle furent placĂ©s les six enfants de Gonneur dont le futur archevĂȘque Robert. La cĂ©rĂ©monie faite, l'opposition s'Ă©vanouit. Dudon, chapelain de Richard II, protĂ©gĂ© du comte Raoul d'Evreux avait tout intĂ©rĂȘt Ă ne pas accueillir une version ravalant ses protecteurs devant l'opinion publique. L'union libre et le congĂ©diement de Popa, le mariage officiel de Rollon .avec GisĂšle, Ă©taient donc en 1020 des faits que personne ne mettait en doute en Normandie-, Dudon ne pouvait ni les ignorer, ni les taire. II La LongĂ©vitĂ© de Rollon Cependant plusieurs Ă©rudits, amateurs de thĂšses neuves, sont rĂ©cemment partis en guerre contre Dudon. Ils entendent infirmer son tĂ©moignage Ă la faveur d'une assertion de nature Ă sĂ©duire maint esprit superficiel une extraordinaire diffĂ©rence d'Ăąge entre Rollon' et' GisĂšle un demi-siĂšcle environ, suivant eux. Dudon ne donne aucune prĂ©cision quant Ă la durĂ©e de la vie du hĂ©ros normand. Il se borne Ă dire qu'Ă la date oĂč Guillaume Longue-EpĂ©e fut associĂ© Ă son pĂšre, Rollon Ă©tait, aux jreux de ses barons, un homme ĂągĂ©, ayant besoin de repos, hors d'Ă©tat de conduire luimĂȘme ses vassaux Ă la guerre. Cet Ă©vĂ©nement est certainement de 927; Ă cette date, rapporte Flodoard, le fils de Rollon qu'il ne nomme mĂȘme pas se prĂ©sente devant le roi Raoul de France comme son fidĂšle, tandis qu'en 925, Rollon est indiquĂ©, par ce chroniqueur contemporain, comme agissant seul et ordonnant une expĂ©dition de mille hommes. Comment s'Ă©tonner que le viking auquel Dudon prĂȘte une vie si belliqueuse et si agitĂ©e, parĂ»t en 927 un vieillard fatiguĂ©? Depuis le traitĂ© de Saint-Clair il s'Ă©tait Ă©coulĂ© seize annĂ©es un humanoe vitoe spatium plus que suffisant pour marquer un loup de mer du sceau de la sĂ©nilitĂ©. Mais, qu'on ne s'y mĂ©prenne pas, il n'est ici question que d'apparences et non de chronologie. Le seul document qui prĂ©cise l'Ăąge de Rollon est un â 23 â texte qui atteste en mĂȘme temps, par un curieux contraste, son mariage avec GisĂšle. C'est une note annalistique ainsi conçue Anno Henrici iv et Karoli rĂ©gis xxxi, obiit Rollo qui et RobertĂčs, dux Normannioe, anno ducatus sui xn apud Rotomagum, et anno adventus sui LXIV et vita? LXXXVI, cui successit Guillelmus Longa-Spata, natus de Gila, filia Caroli rĂ©gis » i. Ce serait aussi cruel que superflu d'insister sur la contre-vĂ©ritĂ© qui termine cette note GisĂšle serait la mĂšre de Guillaume Longue-EpĂ©e! Et le mĂȘme chroniqueur prĂ©tend un peu plus loin que GisĂšle eut pour mĂšre Ogive, la seconde femme de Charles-le-Simple, Ă©pousĂ©e en 920! Laissons ces Ă©normitĂ©s pour examiner les chiffres. Il suffĂźt d'en lire l'Ă©noncĂ© pour constater .que tous les Ă©lĂ©ments chronologiques sont incompatibles entre eux. Dom Bouquet veut en corriger deux; que valent alors les autres? Point n'est besoin d'autres contrĂŽles pour juger cette prĂ©tendue Chronique de Tours. Dom Bouquet semble lui concĂ©der quelque cachet original; heureusement il indique sa source. C'est YAmplissima Collectio de dom Martene, un bĂ©nĂ©dictin lui aussi, qui a rendu de grands services en publiant de nombreux textes, mais qui les a Ă©ditĂ©s avec un trop faible effort de critique, en y glissant bien des scories. Il suffit pour s'en rendre compte, de comparer son Ă©dition des chartes de Stavelot avec celle que la Commission Royale d'histoire belge a rĂ©cemment donnĂ©e. Dans cette Amplissima Collectio que peu d'Ă©rudits ont feuilletĂ©e, Ă ce qu'il semble, se bornant Ă consulter dom Bouquet, dom Martene rapporte qu'il a recueilli 1 Amplissima Collectio, V, 983. Dom Bouquet, reproduisant ce texte Recueil des Historiens de France, IX, 5i, s'est aperçu des contradictions de cette chronologie et amis en note Corrigendum anno ducatus sui xvni... adventus sui LIV. » Il est superflu de faire observer que la 40 annĂ©e de Henri l'Oiseleur ne peut correspondre Ă la 3i° annĂ©e de Charles le Simple, quelque point de dĂ©part qu'on donne Ă son rĂšgne. â 24 â âą des copies fragmentaires d'une compilation dont il croit l'origine tourangelle et qui se continue jusqu'en 1226. D'aprĂšs ces copies rajustĂ©es, il se persuade avoir rĂ©tabli', sans trop de lacunes, un texte approximatif de ce document baptisĂ© dĂšs lors Chronique de Tours. Ce recueil analogue au Liber floridus dĂ©note encore moins de mĂ©thode et de choix. Tel un salmis d'extraits d'auteurs de toutes sortes, bons ou mĂ©chants, un amas de traditions parfois contradictoires, avec un trĂšs petit nombre d'indications originales. Celle sur l'Ăąge de Rollon le serait Ă coup sĂ»r. Le malheur est qu'il est absolument impossible de se fier au chiffre des annĂ©es de sa vie. . La notation romaine des nombres se prĂȘte Ă une infinitĂ© de confusions. Un x prend aisĂ©ment la place d'un v, un v de deux 1. Au lieu de LXXXVI on peut admettre sans aucune tĂ©mĂ©ritĂ© qu'il y aurait eu LXXVII ou Lxxim dans le manuscrit primitif. Alors, en 932, Rollon aurait eu non pas 86, mais 77 ou mĂȘme 74 ans. Cette derniĂšre lecture le ferait naĂźtre en 858. En 912, lors de son mariage avec GisĂšle, il aurait eu 54 automnes. A cet Ăąge, un vigoureux fils du Nord est loin d'avoir abdiquĂ©. Ainsi rectifiĂ©e, cette date de naissance reste compatible avec la tradition qui fait arriver Rollon dans l'estuaire de la Seine en 876. Cette fixation admise par la presque totalitĂ© des Annales figurant dans les manuscrits normands a l'avantage de concorder avec celles qu'Hincmar Ă©crivait au jour le jour. L'archevĂȘque de Reims rapporte qu'en 876, le 16 septembre, cent grandes barques apparurent Ă l'embouchure de la Seine, portant les hommes du Nord. Un Ă©crivain superficiel, s'arrĂȘtant Ă cette coĂŻncidence, se hĂąterait de conclure que Rollon conduisit cette expĂ©dition. C'est une erreur absolue. Rollon n'Ă©tait dans aucune des cent barques dont parlent les Annales d'Hincmar, dites de Saint-Berlin. En effet, le texte complet de la mention de source normande qui concerne Rollon est ainsi conçu Anno 876, Rollo in Normanniam cum suis venit XV Kalendas Decembris » 0. Rollon est arrivĂ© en Neustrie le 17 novembre. Il n'Ă©tait donc pas de la premiĂšre expĂ©dition entrĂ©e en Seine deux mois et un jour plus tĂŽt. Les Normands, dans leurs expĂ©ditions fluviales, lançaient en avant les barques conduites par les homme.* faits, les pilotes habiles, les guerriers forts et vaillants. Ils laissaient Ă .l'arriĂšre-garde, en lieu sĂ»r, les jeunes gens et les embarcations qui leur Ă©taient utiles pour la conservation ou le transport des vivres, des armes de rĂ©serve, du butin, et cette arriĂšre-garde ne s'aventurait qu'Ă bon escient. Par une coĂŻncidence bien digne de remarque, Pierre Olaf, frĂšre mineur de Roskild, a transcrit un texte diffĂ©rent, mais concordant rigoureusement comme date avec les Annales Anno Caroli Calvi ultimo, Danmarchia tirones suos, Rollone duce, per Gallias diffudit, mox Rothomagum subjugantes. Franci autem contra Rollonem pra;- liantes, duobus bellis » dans deux batailles superati sunt. Demum Rollo multas civitates expugnavit. Deinde baptizatus, per VII dies quibus in albis mansit, Deum et Ecclesiam multis muneribus honoravit. Cui successit filius ejus Wilhelmus qui occisus est... tempore Haraldi Gormsson ». Et Pierre Olaf, simple copiste, explique ainsi l'origine de ce renseignement RĂ©citĂąt Chronica nostra quod in Chronica Francorum ha;c sequentia habentur de Normannis ». 1 Ms. de Bruxelles inĂ©dit. M. Ferdinand Lot se propose de faire connaĂźtre ces Annales que nous avions transcrites il y a longtemps et dont il a pu dĂ©terminer les origines. On lit aussi dans les Annales du Bec VĂȘtus chronicon Beccense, Ă©d. par le chan. PorĂ©e Chronique du Bec, 1881, p. 1 85 t. Venit Hastingus in regnum Francorum. â 876. Venit Rollo in Normanniam XV Kal. Decembris. » Rien ne semble autoriser la substitution Ă cette date de celle de 896, d'autant que Rollon apparaĂźt bien avant en France mĂȘme Eckel, p. 79, pense qu'il prit BayeĂčx vers 890-891. â 26 â La derniĂšre annĂ©e de Charles le Chauve commence le 7 octobre 876. C'est donc bien une expĂ©dition postĂ©rieure Ă celle arrivĂ©e le 16 septembre, que conduisait Rollon, celle des tirones, c'est-Ă -dire des jeunes recrues, des soldats novices. La tradition du Mont-Saint-Michel consignĂ©e dans un manuscrit du treiziĂšme siĂšcle, conservĂ© Ă Avranches, fixe aussi l'annĂ©e 876 pour l'arrivĂ©e de Rollon, conduisant, dit-elle, une nombreuse jeunesse du pays des Daces, et son installation Ă Rouen aprĂšs la capitulation de la ville. Anno igitur Incarnationis 876, inclytce nobilitatis Rollo cum ingenti Dacorum juventute, navigio per Sequanam appulsus est Rodomo, atque a civibus ipsius urbis exceptus in pace continua. Inde irruptione quamplurima hue illuc discurrens, depopulando cuncta et gravissimis cladibus atque preliis, sicut in scriptis habetur, protrivit Francigenas ». La biographie se termine par l'ensevelissement, Ă Notre-Dame de Rouen, du grand chef expirĂ© in senectute bona, plenus dierum ». VoilĂ des expressions qui n'impliquent point la dĂ©crĂ©pitude d'un cacochyme; elles dĂ©notent habituellement au contraire, une verte vieillesse. Des termes aussi accentuĂ©s sinon plus, grandoevus, longoevus, sont appliquĂ©s par des Ă©crivains du xe siĂšcle Ă des sexagĂ©naires, par Richer mĂȘme Ă son contemporain Charles-Constantin, comte de Vienne, Ă une Ă©poque de sa vie oĂč le fils de Louis l'Aveugle venait Ă peine d'atteindre la cinquantaine. Enfin il y a lieu d'invoquer un dernier tĂ©moignage, et non le moins intĂ©ressant, celui de Richer. Nous examinerons ailleurs sa version relative au pĂšre de Rollon, qu'il appelle Katil, d'une dĂ©nomination enfantine nullement incompatible, d'ailleurs, avec le surnom populaire d'Oxnethorer le mangeur de boeufs, que les traditions islandaises attribuent au pĂšre de Ganger-Rolf Rollon; 1 Langebek, Script, hist. Dan., II, 10. â 27 â son vĂ©ritable nom, d'aprĂšs les Sagas, aurait Ă©tĂ© Ragnvald. Mais ce point n'est pas Ă discuter ici. Du rĂ©cit de Richer, faisant commander aux Normands qui dĂ©vastaient l'Aquitaine, en 896, le pĂšre de Rollon, il ressort que dans les traditions admises trente ans avant Dudon, vers 976, Rollon n'arriva pas en Neustrie cent ans auparavant avec l'autoritĂ© d'un chef d'expĂ©dition. iS â III La Biographie de GisĂšle L'existence d'une GisĂšle {Gisle ou Gile fille de Charles le Simple et de FrĂ©rone sa premiĂšre femme, est indiscutable. Le moine Guider l'atteste en ces termes dans la GĂ©nĂ©alogie des Comtes de Flandre Le roi Charles eut de la reine FrĂ©rone cinq filles Ermentrude, FrĂ©rone, AĂ©lis, Gisle, Hildegarde » i. Guitier Ă©crivait, vers 962, Ă Saint-Corneille de CompiĂšgne, une abbaye royale Ă laquelle FrĂ©rone s'intĂ©ressa justement beaucoup. Outre une libĂ©ralitĂ© importante aux chanoines le don du domaine fiscal de Ponthion, que son Ă©poux devenu veuf confirma, FrĂ©rone en obtint une autre l'annĂ©e mĂȘme de sa mort, pour un confrĂšre de Guitier, Mauger 2. Le gĂ©nĂ©alogiste de Saint-Corneille ne pouvait ĂȘtre mal renseignĂ©. S'ils sont contraints d'admettre l'existence de GisĂšle, certains Ă©rudits soutiennent que son mariage avec Rollon est une fable, car, ayant attribuĂ© Ă l'Ă©poux, en 911, l'Ăąge de soixante-six ans d'aprĂšs la Chronique de Tours, ils soutiennent qu'en cette mĂȘme annĂ©e, la fiancĂ©e venait Ă peine de naĂźtre. Ils raisonnent ainsi 1 Genealogia Arnulfi comtis Flandrioe, auclore Wilgero ; apud Pertz, Monumenta Germanioe historien, Scriptores, IX, 3o3. â Jules Lair Etude sur Guillaume Longue-EpĂ©e, parag. III, a soulignĂ© l'importance de ce tĂ©moignage, qu'avait mentionnĂ© DĂčmmler Forschungen jur Deutschen Geschichte, 1886, p. 357, sans y insister. 2 Chanoine Morel, Cartulaire de Saint-Corneille de CompiĂšgne, t. I, p. 26, no X. FrĂ©rone fonda en 915 la chapelle de Saint-ClĂ©ment de CompiĂšgne. â 29 â D'aprĂšs Guitier, GisĂšle est la quatriĂšme fille de FrĂ©rone ; cette reine n'a Ă©tĂ© Ă©pousĂ©e qu'en 907; GisĂšle n'a pu naĂźtre qu'en gn. A aucun point de vue, ce syllogisme n'est plausible. D'abord rien n'exclut l'hypothĂšse, tenue pour vĂ©ritĂ© Ă©tablie par les BĂ©nĂ©dictins, que la fille de France donnĂ©e Ă Rollon eut pour mĂšre une premiĂšre Ă©pouse de Charles III dont le nom s'est perdu 0. Rien de plus banal que de rencontrer deux enfants homonymes â des filles surtout ââą issus d'un mĂȘme pĂšre, parfois d'un mĂȘme couple, et simultanĂ©ment vivants 2. Ecartons pourtant cette solution ingĂ©nieuse. Admettons pour un moment, suivant l'opinion accrĂ©ditĂ©e par l'autoritĂ© du P. Anselme 3 interprĂ©tant un texte sur lequel nous reviendrons, que Charles Ă©pousa FrĂ©rone Ă Attigny le i5 avril 907. » Avec toutes ces concessions provisoires, la conclusion des critiques contre Dudon n'en reste pas moins prĂ©maturĂ©e. Rien ne prouve, d'abord, que la reine n'ait pas mis au monde successivement deux jumelles. Alors GisĂšle pourrait ĂȘtre nĂ©e au printemps de 909. Et c'est en 912, l'annĂ©e qui suivit le traitĂ© d'aprĂšs les chroniques normandes, en tout cas lorsque la conversion de Rollon fut devenue un fait accompli, que GisĂšle lui fut donnĂ©e. Elle pouvait parfaitement n'avoir pas plus de trois ans lorsque ces accords furent conclus. Au douziĂšme siĂšcle, c'Ă©tait encore l'usage en Normandie de marier les filles toutes jeunes Galeran II, comte de Meulan fut fiancĂ© en 1136 Ă une enfant de deux ans, Marie fille d'Etienne, roi d'Angleterre 4. Sans quitter le dixiĂšme siĂšcle, lorsque 1 Art de vĂ©rifier les Dates, t. I, p. 563. En prĂ©sence des termes catĂ©goriques de Dudon, la supposition que GisĂšle fut une fille naturelle de Charles doit ĂȘtre Ă©cartĂ©e. Eckel le constate Ă juste titre. 2 Cf. Ă ce sujet notre Etude sur l'Etat civil du IX 0 au XIa siĂšcle, lue au CongrĂšs des SociĂ©tĂ©s savantes en 191t. 3 Hist. gĂ©nĂ©alogique de la Maison de France, t. I, p. 36i. 4 J. Depoin, Appendices au Cartulaire de Saint-Martin de Pontoise; p. 3ar Comtes de Meulan. - - âą - - âąâ 3o â en 909 le duc Gilbert de Lorraine se noya dans le Rhin, Otton Ier offrit au duc Berthold de BaviĂšre le choix d'Ă©pouser la veuve du duc, Gerberge, la propre soeur d'Otton, ou bien Guiltrude, fille de Gilbert et de Gerberge, qui n'Ă©tait point nubile. Berthold prĂ©fĂ©ra se fiancer Ă la fillette, et seulement dix ans plus tard, le mariage fut consommĂ© elle n'avait donc, Ă la mort de son pĂšre, guĂšre plus de quatre ans. Quant Ă Gerberge, elle perdit l'alliance d'un duc pour trouver aussitĂŽt celle d'un roi plus jeune qu'elle Louis IV d'Outremer, qui demanda sa main Ă©tait le frĂšre consanguin de GisĂšle. Jules Lair s'Ă©tait placĂ© dans cette hypothĂšse lorsqu'il Ă©crivait dans son Etude sur Guillaume Longue-EpĂ©e Le mariage de GisĂšle et de Rollon aurait donc Ă©tĂ© purement politique. J'en Ă©tais dĂ©jĂ venu Ă cette conclusion lorsque, en rééditant Dudon, je relevais ce propos des seigneurs normands au sujet de GisĂšle Dicebant igitur Rotbertum Rollonem eam non cognovisse maritali lege '. La fille de Charles-le-Simple Ă©tait gardĂ©e Ă Rouen autant comme otage que comme Ă©pouse. » Les termes que Dudon met dans la bouche des barons normands sont plutĂŽt ambigus. Charles se prĂ©occupait, d'aprĂšs cet historien, de- ce qui se passait Ă Rouen oĂč GisĂšle rĂ©sidait. C'est pour cela qu'il envoya Ă celle-ci deux messagers. Au lieu de les prĂ©senter Ă son Ă©poux, GisĂšle les installa dans un logis oĂč elle leur faisait faire grand'chĂšre. L'entourage s'en Ă©mut. On dĂ©nonça leur prĂ©sence Ă Rollon qui, dans un accĂšs de fureur, fit saisir et pendre les deux Français, car â ajoute Guillaume de JumiĂšges, â il les tint pour espions exploratores. Charles n'accepta point cette excuse, il rompit avec son gendre. Le duc Robert, syndic des mĂ©contents, crut l'instant favorable pour une rĂ©bellion, Rollon, dont il sollicitait l'appui, fit la rĂ©ponse d'un vrai Normand Que Robert cause au 1 Dudon de Saint-Quentin, De moribus et actis primorum Normannice ducum, Ă©dit. Jules Lair, Caen, i865, in-40 extrait des MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© des Antiquaires de Normandie, t. XXIII, p. i73. â 31 â roi tout le tort possible, sans se faire roi lui-mĂȘme. » Robert vit qu'il compterait au moins sur une neutralitĂ© bienveillante, il profita de la permission d'agir. Dudon ajoute GisĂšle n'Ă©tait dĂ©jĂ plus ». Ainsi, d'aprĂšs lui, la princesse mourut au dĂ©but de 922, car en 921 Robert, luttant contre les Normands de la Loire, servait encore Charles fidĂšlement. C'est aprĂšs PĂąques seulement 21 avril 922 qu'Ă©clata la rupture. GisĂšle supposĂ©e nĂ©e au printemps de 909, serait entrĂ©e dans sa quatorziĂšme annĂ©e. Sa prime jeunesse expliquerait ce qu'eut d'inconsidĂ©rĂ© sa conduite. L'Ă©motion causĂ©e par la monstrueuse colĂšre de Rollon Ă cette Ăąme enfantine suffisait Ă la briser l'indignation du pĂšre en serait d'autant plus justifiĂ©e. Dudon ne laisse pas entrevoir le motif de l'envoi des affidĂ©s. Il est Ă©tabli qu'au xe siĂšcle, les mariages pouvaient se consommer, pour les filles nobles, dĂšs l'Ăąge de douze ans la grand'mĂšre de l'Ă©vĂȘque Thietmar de Merseburg fit ses premiĂšres couches au cours de sa treiziĂšme annĂ©e 0. Charles, moins bien renseignĂ©, que les barons normands, prĂ©voyait-il cette Ă©ventualitĂ© et songeait-il, dĂšs qu'elle se dessinerait avec certitude, Ă trouver l'occasion favorable pour enlever Ă Rollon son gage d'alliance, en sorte que l'enfant annoncĂ© devĂźnt, Ă son tour, un otage en ses propres mains ? Cette hypothĂšse pour non fondĂ©e qu'elle pĂ»t ĂȘtre, en fait, ne rĂ©pugne pas aux moeurs du temps elle rendrait comprĂ©hensible l'atroce courroux de Rollon. Il pouvait aussi se souvenir un quart de siĂšcle s'Ă©tant Ă peine Ă©coulĂ© qu'une autre GisĂšle, cousine de sa femme, unie par politique au danois âą Gozfrid, duc de Frise, fut rappelĂ©e et, sous quelque prĂ©texte, retenue en Allemagne tandis qu'on prĂ©parait, contre le Normand, le guet-apens oĂč il pĂ©rit. Le sort de ce Scandinave Ă©tait, pour Rollon, un peu rassurant exemple. 1 Voir notre Essai sur les conditions du mariage du IXa au XI 0 siĂšcle extrait du Bulletin des Sciences Ă©conomiques, 1906. â 32 â IV Le Mariage de FrĂ©rone Jusqu'ici la discussion s'est poursuivie en concĂ©dant aux critiques leurs deux postulats l'ordre de naissance des enfants de FrĂ©rone supposĂ© rigoureux dans la nomenclature de Guitier, et le mariage de FrĂ©rone supposĂ© conclu en 907. HĂątons-nous de le dire, cette derniĂšre hypothĂšse n'est pas seulement arbitaire, elle est contredite par l'Ă©tude mĂȘme du document sur lequel on l'Ă©taie. L'assertion que FrĂ©rone devint reine en 907 a pour unique base un diplĂŽme du 19 avril de cette annĂ©e, datĂ© d'Attigny, oĂč l'on a cru voir une charte dotale 1. Charles considĂ©rant qu'il est convenable Ă un souverain d'enrichir sa compagne ntyale ditare, donne Ă FrĂ©rone, Ă titre dotal, en effet dotis nomine, deux propriĂ©tĂ©s fiscales, Corbeny en Laonnais et Ponthion en Perthois. Le simple Ă©noncĂ© du diplĂŽme et de sa date soulĂšve une foule d'objections. ConsidĂ©rons d'abord les propriĂ©tĂ©s dont l'Ă©poux dispose. Dans l'acte qu'on veut prendre pour une constitution de dot, concomitante avec des noces roj^ales, ne sont compris ni place fortifiĂ©e, ni abbaye de femmes. 1 AprĂšs le P. Anselme, Dummler Forschungen jur Deutschen Geschichte, VI, 371 et Kalckstein Capetinger, p. 123, ont mĂȘme affirmĂ© que le 19 avril 907 est la date des Ă©pousailles. Eckel a bien constatĂ© leur erreur Rien dans cet acte ne nous dit qu'il ait Ă©tĂ© donnĂ© le jour mĂȘme du mariage. » Peut-ĂȘtre eĂ»t-il Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rable de ne pas ajouter La teneur indique seulement qu'il lui fut de peu postĂ©rieur. » â 33 â Ponthion et Corbeny sont deux villoe regia.\ dans la premiĂšre desquelles existait un palatium, oĂč Charles le Gros, en 885, reçut l'hommage des sujets de Carloman, mais leur Ă©tat actuel parait, d'aprĂšs les termes mĂȘmes du diplĂŽme, singuliĂšrement changĂ©. Il n'est Ă Ponthion question que d'unJisciis, une terre domaniale; on n'indique ni palais, ni Ă©difice religieux, comme si âą les constructions principales avaient Ă©tĂ© ruinĂ©es par les Normands. A Corbeny, depuis un an Ă peine, Charles a Ă©levĂ© un prieurĂ© cella pour y dĂ©poser le corps de saint Marcoul, sous la garde de quelques moines. Jusque-lĂ l'on devait pour entendre la messe se rendre Ă la paroisse voisine, Craonne, dont l'Ă©glise paraĂźt ĂȘtre une annexe du fiscus. Supposer que ces deux domaines, dans l'Ă©tat sommaire oĂč ils sont dĂ©crits, ont pu suffire Ă doter l'Ă©pouse d'un souverain alors puissant, disposant de chĂąteaux et d'abbayes- considĂ©rables, c'est mĂ©connaĂźtre les exigences sociales du temps. Qu'on mette en parallĂšle ce cadeau avec les nombreux et importants alleus offerts en dot par Gilbert de Lorraine Ă Gerberge de Saxe, et qu'elle conservait en dĂ©pi des revendications des hĂ©ritiers directs de son mari, un quart de siĂšcle aprĂšs l'avoir perdu, bien que remariĂ©e et devenue veuve une seconde fois. La douairiĂšre Ogive, qui remplaça FrĂ©rone, convolant avec Herbert II de Troyes, fils du traĂźtre qui laissa mourir son royal Ă©poux en captivitĂ©, Louis IV indignĂ© reprit Ă sa mĂšre le domaine d'Attigny et l'abbaye de NotreDame de Laon, situĂ©s dans la zone d'influence des Vermandois. Ce n'Ă©tait point la dot d'Ogive, car celle que Charles lui constitua avait Ă©tĂ© confisquĂ©e lorsque la reine et son fils durent fuir en Angleterre. Il ne s'agit que d'une compensation ; encore renonciation des bĂ©nĂ©fices retirĂ©s Ă la reine-mĂšre semble nĂ©gative d'une spoliation complĂšte de la dot reconstituĂ©e. Mais Ogive dĂ©tenait une abbaye de femmes, riche et puissante, comprise dans l'enceinte d'une ville forte, pour s'y reposer ou sy retirer si les Ă©vĂ©nements l'exigeaient, et 3 -34profiter du superflu de ses revenus. Charles s'il se fĂ»t mariĂ© en 907 avec FrĂ©rone, n'eĂ»t pu lui en refuser une, alors qu'il en avait donnĂ© Ă sa mĂšre AdĂ©laĂŻde, Ă sa tante paternelle Rohaud, qu'il en gratifiait jusqu'Ă son favori Haganon. Dans la dot de Gerberge Ă©tait compris le chĂąteau de Laon qu'elle tenait » en 946, lorsqu'elle dut le dĂ©laisser au bourguignon Hugues le Noir qui l'occupa momentanĂ©ment. Mais en 951 Louis IV lui donna, dans cette mĂȘme ville, l'abbaye de Notre-Dame enlevĂ©e Ă sa belle-mĂšre Ogive. Ces renseignements pris dans Flodoard, ne nous font connaĂźtre qu'une partie de la dotation de ces reines. Aussi pour trouver une comparaison avec le diplĂŽme de 907, est-il intĂ©ressant de juxtaposer Ă son texte celui du contrat de mariage que Richard III, duc de Normandie, consentit en 1028' Ă sa fiancĂ©e AdĂšle de France, fille de Robert le Pieux. Richard assure Ă sa future Ă©pouse une citĂ© Ă©piscopale, Coutances, avec son comtĂ©, le chĂąteau de Cherbourg et deux autres, une abbaye, trois ports maritimes, des pĂȘcheries, des villages, des forĂȘts, des contrĂ©es entiĂšres avec les droits que le fisc y perçoit. Quelle diffĂ©rence avec le prĂ©tendu douaire d'une reine ! DiplĂŽme de Charles le Simple pour enrichir ditare, la reine FrĂ©rone 907. PRĂAMBULE Karolus rex. Si Regum consuetudines antiquorum exequimur, necnon patrum mores praecedentium imitamur, fideliumque nostrorum bĂ©nigne consulta suscipimus, regium proculdubio honorem amplificamus, Nobisque profuturum indubitanter credimus. Proinde... compertum sit quod, cum nostris Regni Nos negotia tractantes consiliariis, de nostro Nos commonuere conjugio, salubre dicentes fore et oportunum, si conjunx condignn lateri adhaeCharte adhaeCharte duc Richard III dotant sa fiancĂ©e AdĂšle de France 1026. PRĂAMBULE .. . Apostolus ait Viri diligite uxores vestras sicut et Christus Ecclesiam. » lis ergo et multis aliis Dominicis praeceptis habetur fixum, viri et mulieris conjugium lĂ©gitime in Domino semper celebrandum. Quibus ego Richardus Nortmannorum Dux optemperare contendens, accipio te, domna Adela, in conjugem, legalis desponsationis annulo mihi in carnis unitate jungendam ; non voluptatis exercendae causa, sed generandae in obsequium â 35 â reret regio, ex qua filiorum, Deo largiente, totius regni profutura procederet propago. » Eorum itaque admonitionibus sollicitati, et consiliis exortati, quamdam nobili prosapia puellam nomine Frederunam, commuai dumtaxat consensu fidelium, Deo ut credimus coopĂ©rante, secundum leges atquestaluta priorum, Nobis nuptiali conubio sociavimus, regnique consortem statuimus 0. DISPOSITIF Quocirca, regio eam more, propriis rĂ©bus disponentes ditare, duos ei, dotis nomine, concedi m us fiscos, jugiter possidendos et pro libitu disponendos Corbiniacum videlicet in comitatu Laudunensi, cum cella... ubi confessoris Christi quiescit corpus Marculfi, et ecclesia una in Craona; Pontigonum quinetiam in pago Pertensi super fluvios Saltum et Bruscionem. Utrumque per hanc praesentem condonamus auctoritatem, et de nostro jure in jus seu dominationem illius transfundimus... Ut autem haec largitionis nostrae dotatio et concessionis corroboratio continuam obtineat firmitatis vigorem, manu subter propria firmatam nostro praecepimus anulo insigniri. Christi, prout ipse disposuerit, prolis gratia ; quod ut optineam, votis omnibus exopto, Divinitate propitia. DISPOSITIF Concedo ergo xihĂŻ, jure dotali, de rĂ©bus proprietatis meae, civitatem, quae appellatur Constantia, cum comitatu, excepta terra R. archiepiscopi. Concedo enim castella quae ibi habentur, videlicet Carusburc cum eo quod dicitur Holmus, et eo quod dicitur Bruoto... Concedo quoque curtem quae . dicitur Ver super fluvium Senae, cum silvis etc. et super eumdem fluvium curtem quae appellatur Cerencis. Concedo denique curtem supra mare, quae dicitur Agon, et eam quae appellatur Valengias... Abbatiam quoque quae app. Porthail, quae sita est super aquam Jorfluctum cum portu maris, et pagum qui d. Haga cum silvis et portu maris. Concedo enim pagum qui app. Balteis et eum qui d. Egglandes, cum aquis, piscatoriis etc... . Et in comitatu Baiocensi concedo villam quae d. Cathim super fluvium Olnae, circumquaque cum ecclesiis, vineis, pratis, molendinis, cum foro, teloneo et portu Haec omnia tibi habenda sub nomine et lege dotis, subnixa adstipulatione, de rĂ©bus meis transfundo ut juxta nobilitatis tuae lineam dolata, indissolu-, bilis mihi jungaris amore conjugii et gaudeas nostrae cpnsors donationis i Statuimus est au passĂ© comme le suppose d'ailleurs sociavimus, puisque la seconde idĂ©e est la consĂ©quence de la premiĂšre, car la cadence de la phrase exige qu'elle se termine aprĂšs une pĂ©nultiĂšme longue. Statuimus au prĂ©sent, donnerait quatre svllabes brĂšves. â 36 â De la comparaison de ces textes se dĂ©gage une premiĂšre remarque Ă retenir. A l'inverse de la charte dotale, conforme aux formules en usage pour les traitĂ©s de mariage, oĂč l'essence du contrat est dans le lien conjugal, que la bĂ©nĂ©diction du prĂȘtre va rendre indissoluble, la donation de 907 n'est en rien subordonnĂ©e Ă ces engagements. Vous possĂ©derez tous ces biens de mon patrimoine, dit le duc Richard Ă sa future, par cet acte et sous cette clause fondamentale ; c'est afin que, dotĂ©e comme il convient Ă la noblesse de votre extraction, vous me soyez jointe par l'amour d'une insĂ©parable union et que vous jouissiez de ces prĂ©sents en compagne de notre vie. » En effet, la dot est perdue pour celui des fiancĂ©s qui refuse de rĂ©aliser la promesse de mariage ou qui, plus tard, abandonne son conjoint sans esprit de retour. Rien de pareil pour Ponthion et Corbeny. Charles les donne, sans condition aucune, en toute propriĂ©tĂ©, non pas comme un bĂ©nĂ©fice amovible, m'ais sous le rĂ©gime plus sĂ»r de la dotation, bien qu'il ne s'agisse plus que d'enrichir une femme prĂ©cĂ©demment Ă©pousĂ©e. Car toute la rĂ©daction est au passĂ©. Ce que prouve avec certitude l'acte royal du i5 avril 907, c'est qu'il n'est ni antĂ©rieur, ni prĂ©paratoire Ă l'union, de Charles et de FrĂ©rone ; il ne lui est mĂȘme pas concomitant. Que l'on diffĂšre sur la psychologie des faits que le diplĂŽme rappelle, il se peut. L'intervention collective des grands, est invoquĂ©e ; dans quelles conjonctures se serait-elle produite ? Charles tient Ă constater, il y revient Ă trois reprises, qu'il n'a pas agi spontanĂ©ment en se liant Ă FrĂ©rone pour la vie il l'a fait pour obĂ©ir aux incitations collectives de ses conseillers. Mais s'agit-il bien du choix lui-mĂȘme, ou de sa consĂ©cration lĂ©gale? A-t-il fallu simplement qu'Ă une heure donnĂ©e, le roi rĂ©gularise secundum leges atque statuta, par des Ă©pousailles solennelles, nuptiali comtbio, la situation d'une noble fille prĂ©cĂ©demment distinguĂ©e par lui ? Prudence, Ă©vĂȘque de Troyes, nous est tĂ©moin que les cousins ger- mains de Louis le BĂšgue, les fils de l'empereur Lothaire, du vivant de leur pĂšre veuf et Ă son exemple, contractĂšrent des unions libres, qu'il appelle d'un nom sĂ©vĂšre, adulteria. Carloman et Arnoul de Germanie, les cousins de Charles le Simple, en firent autant. Louis le BĂšgue ne s'Ă©tait-il pas lui-mĂȘme irrĂ©guliĂšrement uni Ă Ansgarde, fille d'un comte de Neustrie ? Son fils Charles III aurait pu l'imiter, et, plus tard, pour Ă©viter le reproche de mĂ©salliance dĂ©jĂ dans l'esprit du temps et qui sera le prĂ©texte invoquĂ© contre son petitfils Charles de Lorraine, le prince se serait fait couvrir par un consentement public obtenu, voire des sollicitations provoquĂ©es de la part des grands. Notre sentiment est autre, mais n'importe. Le i5 avril 907, Charles est dĂ©jĂ l'Ă©poux lĂ©gal de FrĂ©rone. C'est tout ce que le diplĂŽme dit, et il le dit aussi nettement que cela peut s'Ă©crire. A nos yeux, l'objection la plus forte Ă l'interprĂ©tation jusqu'ici donnĂ©e au diplĂŽme de 907, ressort de sa date. A qui fera-t-on croire que les barons et l'archevĂȘque Foulques qui couronnĂšrent Ă Reims, le 28 janvier 8g3, le prince Charles, nĂ© le 10 novembre 879, l'unique espoir de la branche des Carolingiens français, laissĂ©-. 1 rent cet adolescent passer les quatorze plus belles annĂ©es de sa jeunesse et atteindre l'Ăąge de vingt-huit ans avant de prendre femme et d'assurer la prolongation de la dynastie? Comment l'admettre surtout aprĂšs avoir lu le prĂ©ambule du diplĂŽme de 907? A le prendre au sens le plus naturel, Charles 3' affirme expressĂ©ment sa dĂ©fĂ©rence envers les conseils de ses preux ; quand il a dĂ©libĂ©rĂ© avec eux de la direction de l'Ătat, ils lui ont remontrĂ© qu'il devait se marier ; il l'a fait ; bien plus, l'Ă©pouse qu'il a prise, il l'a choisie d'aprĂšs leurs avis. Il revient avec insistance sur sa condescendance entiĂšre Ă leurs voeux; il ajoute mĂȘme â et ceci donne Ă rĂ©flĂ©chir si l'on pense que FrĂ©rone n'eut que des filles â que ses conseillers l'ont induit au mariage afin qu'il pĂ»t naĂźtre des fils qui continueraient sa race ». Et de quels termes â 38 â se sert-il pour prĂ©ciser le rang social de la compagne acceptĂ©e ? Quandam nobili prosapia puellam, nomine Frederunam Nobis nuptiali conubio sociavimus ». N'est-ce pas l'aveu le plus franc d'une quasi-mĂ©salliance ? FrĂ©rone n'est pas de sang royal par ses aĂŻeux, car on eĂ»t dit regali stemmate ; elle ne descend mĂȘme pas de la souche des empereurs par les femmes, car on l'eĂ»t qualifiĂ©e nobilissima, d'un terme empruntĂ© par la chancellerie carolingienne au protocole b3'zantin. Tout au plus serait-elle issue de Charles Martel ou de PĂ©pin d'HĂ©ristal. Ce n'est pas l'alliance que les seigneurs français auraient conseillĂ©e, et presque imposĂ©e par contrainte morale â les termes du diplĂŽme pourraient aller jusque-lĂ â Ă un souverain dans toute la force de l'Ăąge et dans tbut l'Ă©clat de la puissance, tel que Charles-leSimple l'est en 907. En fait, FrĂ©rone n'a pas d'ancĂȘtres princes ; ce qu'on sait de sa famille la situe dans un milieu secondaire. Elle a un frĂšre, Beuve, un clerc qui parvient Ă l'Ă©vĂȘchĂ© de ChĂ lons-sur-Marne sans pouvoir atteindre au rang de mĂ©tropolitain. A Beuve, par consĂ©quent Ă FrĂ©rone, se rattache un neveu, BĂ©renger, qui,' lui, obtint d'Otton Ier, dont il Ă©tait le cousin, l'archevĂȘchĂ© de TrĂȘves. Le prĂ©nom de FrĂ©rone, usitĂ© au xe siĂšcle en pays saxon, fut portĂ© par une comtesse de Westphalie, soeur cadette de la reine Mathilde, mĂšre d'Otton-le-Grand, et Mathilde se maria en 908 Ă Henri l'Oiseleur. La gĂ©nĂ©alogie est ici aisĂ©e Ă rĂ©tablir ; l'archevĂȘque BĂ©renger descend d'une tante de Mathilde, et puisqu'il est neveu de la reine FrĂ©rone, on- est amenĂ© Ă considĂ©rer cette reine, Beuve de ChĂ lons et le pĂšre ou la mĂšre de BĂ©renger, comme ayant eu les mĂȘmes parents que le saxon Thierri, pĂšre de la reine Mathilde. Thierri descendait de Witikind et d'une princesse de Danemark, fille du fameux roi Sigfrid ; lui-mĂȘme avait Ă©pousĂ© une danoise, Reinhilde, de race royale, probablement soeur du normand Gozfrid, car cette alliance par sa date approximative, apparaĂźt comme une contre- -3gpartie -3gpartie l'union de GisĂšle de Lorraine avec ce duc de Frise. Au reste, les honneurs et les pouvoirs exercĂ©s par Thierri et ses descendants se concentrĂšrent dans la rĂ©gion contiguĂ« Ă celle que Gozfrid occupa. L'estoc, de FrĂ©rone pouvait n'ĂȘtre point indigne d'un simple prĂ©tendant, disputant, avec peu de concours, son hĂ©ritage aux puissants Robertiens. Il assurait des points d'appui au jeune prince dans l'entourage de l'empereur Arnoul, dont on a des chartes en faveur d'une nobilis matrona Frederuna, d'une ou deux gĂ©nĂ©rations antĂ©rieure Ă la reine de France, sa grand'tante peut-ĂȘtre. Puis nous avons eu l'occasion 0 d'indiquer un lien de parentĂ© probable entre FrĂ©rone et Herbert Ier de Vermandois, le principal protagoniste, dĂšs 8g3, des droits de Charles III Ă la couronne de France. En 907, un pareil mariage n'Ă©tait plus en rapport avec la situation assurĂ©e du prince, Ă l'abri de toute compĂ©tition sur son trĂŽne et soutenu par les grands feudataires de toute origine, Robertiens, Bosonides et Conradins. Il eut alors aisĂ©ment trouvĂ© une compagne de son rang, et lorsque, dix ans plus tard, FrĂ©rone disparue, il va contracter une autre alliance, Ă dĂ©faut de princesses nubiles en Allemagne ou en Italie, c'est Ă la cour d'Angleterre qu'il en cherchera. i Le comte Eilbert de Waulsort, extrait des Annales du CongrĂšs archĂ©ologique de LiĂšge 1909. â Nous ne croyons pas Ă©tablie une origine lorraine » de FrĂ©rone qui lui aurait Ă©tĂ© commune avec Haganon, encore moins une parentĂ© avec les comtes GĂ©rard et Matfrid, avec l'Ă©vĂȘque de LiĂšge Etienne, et Stance sic pour Scancio, l'Echanson, pĂšre du saint GĂ©rard de Brogne ; toutes suppositions Ă©noncĂ©es vaguement par Eckel Charles le Simple, p. 99 et qui appelleraient tout au moins des rĂ©fĂ©rences. â 4o V L'Objet du DiplĂŽme de 907 L'examen comparĂ© du diplĂŽme de 907 et de la charte normande de 1026 provoque encore d'autres rĂ©flexions. L'acte de Richard III est un vĂ©ritable contrat de mariage; il est antĂ©rieur Ă la cĂ©lĂ©bration de l'hymen religieux, et c'est tout simple, puisqu'en cas de rĂ©siliation par la faute du futur Ă©poux, le douaire sert de gage d'indemnitĂ© Ă la fiancĂ©e rebutĂ©e. C'est ainsi que Guillaume Longue-ĂpĂ©e dut-laisser Ă LiĂ©garde ou Ligeard de Vermandois le domaine de Longueville-sur-la-Mer, qui faisait partie de sa dot, lorsqu'il refusa de rĂ©aliser ses Ă©pousailles avec elle. En outre, la rĂ©daction de la charte de douaire pour la duchesse AdĂšle est parfaitement correcte et normale comme en tous les contrats dotaux du xe siĂšcle qui nous sont parvenus, le donateur s'adresse Ă la future Ă©pouse et lui exprime son amour en mĂȘme temps qu'il lui offre ses prĂ©sents. Dans le diplĂŽme de 907, rien de semblable, ni mĂȘme d'analogue. FrĂ©rone est nommĂ©e Ă la troisiĂšme personne, sans qu'une formule affectueuse, pas mĂȘme la plus banale, amabilis ou dilecta, accompagne son nom. La libĂ©ralitĂ© qui lui est faite revĂȘt la forme dotale, sans doute, mais c'est pour Ă©vincer l'action future du fisc ; le but que poursuit le roi n'est point de constituer une dot Ă une fiancĂ©e, c'est d'enrichir [ditare celle qui est dĂ©jĂ son Ă©pouse. Le texte ne laisse Ă cet Ă©gard aucun doute, et la formule rĂ©sumant le contrat, qui en prĂ©cise la nature, en fait une simple largesse largitio. â 41 â Cette constatation suffit pour qu'il soit impossible d'accepter le diplĂŽme de 907 pour une constitution de douaire, pour un contrat de mariage; c'est une libĂ©ralitĂ© accordĂ©e en complĂ©ment, en augment de dot. Alors que peut-on conclure de la date du diplĂŽme pour prĂ©ciser celle oĂč FrĂ©rone devint reine ? Elle l'Ă©tait quand le diplĂŽme fut rĂ©digĂ© ; c'est la seule chose que le texte prouve Frederunam Nobis nuptiali connubio sociavimus » ; tandis que Richard II s'adresse Ă AdĂšle mihi in carnis unitate jungendam ». L'opposition de temps est complĂšte ici le passĂ©, lĂ le futur. De l'argument des critiques sur l'Ăąge de GisĂšle que reste-t-il ? Le diplĂŽme d'enrichissement de FrĂ©rone, et c'est remarquable, constitue un motu proprio du souverain nul intercesseur n'est-citĂ©; les barons n'y sont mis en cause qu'au temps passĂ©, Ă raison de conseils prĂ©cĂ©demment donnĂ©s et dont les consĂ©quences s'imposent. La lecture approfondie de ce document, et sa comparaison avec un autre diplĂŽme de Charles confirmant, â FrĂ©rone morte â l'usage qu'elle a fait de ces prĂ©sents, conduisent Ă une conviction. La formule dotale n'est qu'un prĂ©texte qui masque un acte tout diffĂ©rent Charles assure, par l'entremise de la reine, une dotation viagĂšre indirecte Ă son beau-frĂšre Beuve. C'est une aliĂ©nation dissimulĂ©e du domaine de la Couronne. Nous vo3^ons, en effet, qu'Ă la mort de FrĂ©rone, la nue propriĂ©tĂ© de Pontion Ă©tant concĂ©dĂ©e par elle Ă SaintCorneille de CompiĂšgne, l'usufruit viager en demeurait assurĂ© Ă Beuve, Ă©vĂȘque de ChĂąlons 0. Quant Ă Corbeny, nous n'avons pas la piĂšce correspondante, mais nous savons qu'il passa en vertu d'une concession de Charles le Simple, Ă Saint-Remi de Reims. L'obit de FrĂ©rone figure au nĂ©crologe de ce monastĂšre ; il est 1 Chan. Morel, C'artulaire de Saint-Corneille, t. I, p. 18, no VIL â 42 â permis de croire qu'elle fit avec lui pour Corbeny la mĂȘme opĂ©ration que pour Ponthion avec S'-Corneille, opĂ©ration dont on vient de saisir l'ingĂ©nieux mĂ©canisme. Pour nous, et c'est une .conclusion que nous avons formulĂ©e plusieurs fois , les fidĂšles de Charles lui imposĂšrent, au lendemain de son avĂšnement, une alliance qui convenait Ă leurs desseins. Ce fut le gage exigĂ© par ses partisans. FrĂ©rone Ă©pousĂ©e dĂšs 893, aucun obstacle ne s'oppose Ă ce que, en 912, une fille issue d'elle ait pu devenir l'Ă©pouse de Rollon. Cette solution, beaucoup plus simple, du problĂšme rend plausibles les discours que Dudon prĂȘte aux Normands renseignant Rollon, avant son mariage, sur le parti qu'on lui propose. Ils dĂ©peignent la princesse comme une enfant lĂ©gitime, grande, belle, chaste, prudente, expĂ©rimentĂ©e, causante, affable, habile au travail des mains 2. On n'a plus de raison de regarder ce discours comme une pure broderie de Dudon. 1 Notamment dans les Etudes prĂ©paratoires Ă l'Histoire des Familles palatines, oĂč nous avons signalĂ© la coĂŻncidence entre la volte-face politique d'Herbert de Vermandois et de son beau-frĂšre Robert, aprĂšs la mort de FrĂ©rone leur alliĂ©e et le second mariage de Charles, le rendant beau-frĂšre du comte de Flandre, Baudoin II, le meurtrier d'Herbert Ier. 2 Haec quam tibi spondet Rex â disent les Normands Ă Rollon â utriusque progeniei semine regulariter â notez l'emploi de cet adverbe au lieu de nobiliter â exorta, staturoe proceritatis congrua, forma ut audivimus elegantissima, virgo integerrima, consilio provida, forensium rerum. negotio cauta, conversatione facillima, colloquio affabilissima, manuum labore peritissima, quinetiam virginibus cunctis prestantissima, decet ut copuletur tibi connubiali amicitia. » Dudon, II, 20. â En faisant abstraction de ce qu'il y a d'hyperbolique dans les termes de Dudon, il faut convenir que ce portrait ne peut s'appliquer qu'Ă une jeune fille de 18 Ă 20 ans», dit Eckel p. 80. Il est curieux qu'un des Ă©loges de GisĂšle concerne son expĂ©rience, non pas des affaires publiques », nous semble-t-il, mais des procĂšs », car c'est le sens cicĂ©ronien res foreuses forenses litteroe, la pratique du barreau ; forensis homo, un praticien, qui seul s'accorde avec negotium cause, affaire judiciaire, dans Ammien Marcellin et aussi avec cauta, qui implique de la finesse. 43 VI L'Origine de Popa Quand GisĂšle mourut sans hoirs,'Rollon rappela prĂšs de lui Popa qu'il avait quittĂ©e et lui donna le rang de femme lĂ©gitime. La mĂšre de Guillaume LongueĂpĂ©e, fut, d'aprĂšs Dudon, un gain » de Rollon qu'il s'adjugea aprĂšs la prise de Bayeux. Dans un autre passage, le doyen de Saint-Quentin fait connaĂźtre clairement l'origine de cette captive. Il expose les angoisses de Guillaume lorsque, aprĂšs la mort du vieux conquĂ©rant de la Normanndie, ses compagnons mĂ©contents de son fils fomentent une rĂ©bellion. Guillaume effrayĂ© de leurs forces songe Ă se rĂ©fugier en France pour y chercher du secours prĂšs de ses parents. Il s'en ouvre Ă l'un de ses conseillers Ibo ad avunculum meum Bernardum Silvanectensem. J'irai trouver mon oncle Bernard de Senlis pour qu'il me prĂȘte main-forte. » Certes il ne viendrait a l'esprit de personne de regarder Bernard, bien connu comme comte de Senlis sous Charles-le-Simple et Louis d'Outremer, comme le frĂšre de Rollon; c'Ă©tait un Carolingien, issu du roi PĂ©pin d'Italie, fils de Charlemagne. Etant l'oncle de Guillaume, il fut le frĂšre de Popa. Dudon, qui se pique de latinitĂ© classique, n'a pas employĂ© Ă la lĂ©gĂšre le terme avunculus, qui a le sens d'oncle maternel, pour dĂ©signer la parentĂ© de Bernard de Senlis avec Guillaume Longue-EpĂ©e. Tout dans la conduite de Bernard de Senlis rĂ©pond Ă cette allĂ©gation. Non seulement Guillaume ne compte pas vainement sur son appui, mais quand le fils de â 44 â Rollon pĂ©rit assassinĂ© par fĂ©lonie, Bernard sauve d'un autre complot son hĂ©ritier, le jeune Richard, confiĂ© Ă sa garde â ce qui suppose une proche parentĂ© â le fait Ă©chapper, assure son retour en Normandie ; il va plus loin, il s'entend avec un autre Normand, Bernard le Danois, prĂ©cisĂ©ment le confident de Guillaume LongueEpĂ©e ; tous deux persuadent au crĂ©dule Louis IV d'accepter une entrevue dans laquelle, Ă l'instar de son pĂšre Charies-le-Simple, il se laisse surprendre et capturer traĂźtreusement. Quel puissant motif, en dehors des liens du sang, ne justifierait une telle attitude du comte de Senlis Ă rencontre de son suzerain, du chef de sa race, en faveur du petit-fils d'un Ă©tranger ? Rien, semble-t-il, ne saurait ĂȘtre plus clair Popa appartient Ă la maison de Senlis et, comme elle descend de la reine AdĂšle, femme de PĂ©pin d'Italie, elle donne le nom d'AdĂšle Ă la fille qu'elle a de Rollon, celle qui plus tard Ă©pousera Guillaume III d'Aquitaine, fils d'Ebles de Poitiers et petit-fils du,duc Ramnoul ââą ce Ramnoul qu'AdĂ©mar de Chabannes affirme avoir Ă©tĂ© l'ami de Rollon et qui, le 5 aoĂ»t 892, pĂ©rit empoisonnĂ© dans le palais mĂȘme du roi Eudes. Toutes les annales normandes sont d'accord pour confirmer ce fait et complĂ©ter l'assertion de Dudon en dĂ©clarant Popa fille de Gui, comte de Senlis. Les Annales rouennaises, copiĂ©es par le P. Sirmond dans un manuscrit de . Saint-Wandrille, contiennent. mĂȘme la gĂ©nĂ©alogie tout entiĂšre Mortua est Gilla absque omni proie, et Rollo duxit Popam uxorem, filiam Widonis conĂŻitis Silvanectensis, sororem Bernardi, de qua genuit Willelmum. » Fille du comte Gui de Senlis, soeur de Bernard, femme de Rollon, mĂšre de Guillaume, tel est l'Ă©tat civil de Popa. Ainsi le donnaient les anciennes annales du Mont Saint-Michel qui nous sont parvenues sous trois Ă©tats diffĂ©rents, et Robert de Torigny admettait cette version qui nous est transmise grĂące aux copies des deux premiĂšres rĂ©dactions de sa chronique. Le manuscrit de la â 43 â troisiĂšme rĂ©daction, que LĂ©opold Delisle a Ă©ditĂ©, portait la mĂȘme chose en deux endroits. Cependant l'abbĂ© Robert a, sur ce manuscrit, corrigĂ© avec deux variantes son texte. La premiĂšre fois, il a substituĂ© au nom de Gui celui de BĂ©renger et au comtĂ© de Senlis celui de Bayeux ; la seconde fois, il a tout simplement intercalĂ© BĂ©renger de Bayeux dans la gĂ©nĂ©alogie en l'attribuant pour pĂšre Ă Popa, et pour aĂŻeul Gui de Senlis. Si l'abbĂ© du Mont a corrigĂ© son texte vers la fin de sa vie, dans les derniĂšres annĂ©es du xne siĂšcle, ce fut sous l'influence de traditions dĂ©formĂ©es, greffĂ©es par les trouvĂšres sur une confusion commise par Dudon. Un courant peu favorable Ă cet historien s'Ă©tait, il y a quelque trente ans, rĂ©pandu dans l'esprit des savants français. M. Ferdinand Lot i, Ă©cho de maĂźtres Ă©minents, n'hĂ©sitait pas Ă dire L'ouvrage de Dudon de SaintQuentin est tellement rempli de flatteries et de mensonges en faveur des ducs de Normandie qu'il n'a presque aucun intĂ©rĂȘt historique. » M. Gabriel Monod l'apprĂ©ciait ainsi 2 Pour les derniĂšres annĂ©es il est tĂ©moin oculaire. Sa narration est coupĂ©e de piĂšces de vers, son st3'le, mĂȘme en prose, est diffus, et chargĂ© de faux ornements, allitĂ©rations, assonances, accumulation d'Ă©pithĂštes et de synoi^mes. Il Ă©crit dans l'esprit le plus favorable pour les princes normands et surtout pour son protecteur Richard Ier. Les premiers livres contiennent beaucoup de fables, et mĂȘme dans les derniers on ne peut jamais s'en rapporter entiĂšrement Ă lui. Mais son tĂ©moignage, souvent unique, est toujours prĂ©cieux. Le grand intĂ©rĂȘt de son livre, c'est qu'il nous donne l'histoire des princes normands comme il la disaient eux-mĂȘmes. » 1 Les Derniers Carlovingiens 1891, p. io5, note 2. 2 Revue historique i885, t. XXVIII, p. 268. Ătudes sur le rĂšgne de Hugues Capet. MĂȘme en rĂ©agissant, avec Jules Lair, contre la sĂ©vĂ©ritĂ© de ces jugements, qui donc tiendrait Dudon pour infaillible ? Ne le prenons pas pour oracle en tel ou tel dĂ©tail qui fut assurĂ©ment secondaire Ă ses 3'eux. Encore moins regarderons-nous ses copistes ou ses continuateurs, Guillaume de JumiĂšges, Orderic Vital, le trouvĂšre BenoĂźt, Philippe MouskĂ©t, comme des garants suffisants pour consolider une assertion de Dudon, alors qu'elle pĂ©cherait par la base. La glose n'ajoute rien Ă l'autoritĂ© du texte. Dudon dit, sans autrement y insister 0 que Rollon emmena, pour en faire sa compagne, Popa, fille d'un prince BĂ©renger, puissant praevalentis principis Berengarii filiam et de trĂšs haut lignage superbo sanguine concretam. Dans la terminologie des Ă©crivains du Xe siĂšcle et du dĂ©but du xie, rien n'est plus vague que ce terme de prince » ; MM. Parisot et Lauer. l'ont Ă bon droit relevĂ© dans des publications rĂ©centes. En;gĂ©nĂ©ral â mĂȘme quand AdĂ©mar de Chabannes l'applique Ă un vicomte gascon â il Ă©voque l'idĂ©e d'un fonctionnaire qui s'est rendu plus ou moins indĂ©pendant dans son district, sous une suzerainetĂ© devenue incertaine ou nominale. Pour Flodoard, le duc Gilbert de Lorraine, vassal insoumis, - est, comme Rollon ou Guillaume Longue-ĂpĂ©e, un princeps ». Les chefs bretons, secouant sans cesse le joug, sont appelĂ©s habituellement principes. Peu renseignĂ© sur les fonctions du pĂšre de Popa, le doyen s'en est tirĂ© par une formule plutĂŽt flatteuse. ; Mais il n'a pas eu l'idĂ©e de faire de ce BĂ©renger un comte de Bayeux, lieutenant du roi de France en Neustrie. Ce sont les continuateurs de Dudon qui, dans leurs gloses, ont associĂ© les deux assertions bien distinctes Popa fut prise Ă Ba3^eux â Popa fut fille du prince BĂ©renger » pour en conclure que BĂ©renger fut 1 De moribus, 1. II, c. 16. â 47 â prince Ă Ba3'eux. AprĂšs cela l'un le fait mourir de la main de Rollon, tandis que l'autre le ressuscite pour le faire assister au baptĂȘme de son gendre. Mais celui-lĂ , un trouvĂšre, est tout Ă fait intĂ©ressant, car il fait revenir le beau-pĂšre BĂ©renger de Bretagne, et peut-ĂȘtre donne-t-il, en transmettant cette tradition, la clĂ© du problĂšme, l'origine de la confusion qui se fit dans les souvenirs de Dudon. Le do3ren nous dit que Sprota, un autre gain » que fit Guillaume Longue-ĂpĂ©e, aprĂšs la guerre de Bretagne, et qu'il Ă©pousa Ă la danoise », Sprota, la mĂšre de Richard Ier, fut une trĂšs noble Bretonne » ; il ne souffle mot de ses parents. Mais nous savons que, la guerre finie, Guillaume victorieux des Bretons rĂ©voltĂ©s, fit Ă leurs deux chefs vaincus un sort bien disparate. L'un d'eux, Alain, dut s'exiler en Angleterre et perdre tout pouvoir ;. l'autre, un comte de Rennes, fut 'non seulement pardonnĂ©, mais instituĂ© lieutenant des Normands dans toute la Bretagne. Ce comte de Rennes' s'appelait Juhel BĂ©renger. La mĂ©prise de Dudon serait tentante Ă soupçonner, d'autant que ce soupçon se fortifierait d'autres indices. Si rare est le prĂ©nom de Sprota, qu'on aurait grand peine, Ă le rencontrer ailleurs. Mais reprĂ©sentons-nous un diminutif rĂ©gulier de ce prĂ©nom, Sprotella, et cherchons dans l'histoire de Bretagne, ce qu'on sait des comtĂ©s de Rennes antĂ©rieurs Ă Juhel BĂ©renger. La femme de l'un d'eux, Juthael ou Juhel qui fut maĂźtre de presque toute la Bretagne, porte un prĂ©nom fĂ©minin non moins rare, celui de Pratella. Sprotella, Pratella, Ă des Ă©poques aussi lointaines, oĂč les prononciations sont flottantes et les orthographes des noms mal fixĂ©es, ont un singulier air de famille. . Ce qui est certain, c'est qu'au dĂ©but du xie siĂšcle, cinquante ans aprĂšs la mort de Sprota, un double mariage unit deux de ses petits-enfants, Richard II et sa -48soeur, -48soeur, Ă rriĂšre-petits-enfants de Juhel BĂ©renger, Judith de Rennes et son frĂšre le comte Geofroiv A cette Ă©poque, les moeurs exigeaient' rigoureusement qu'on se mariĂąt au 'plus proche degrĂ© de parentĂ© permis par l'Eglise, et c'Ă©tait dans notre hypothĂšse, celui-lĂ mĂȘme qui rattachait alors les lignĂ©es ducales normande et bretonne. Quelque attrait qu'aient ces remarques, il n'y faut point insister ici. Bornons-nous Ă les indiquer. Cependant une chose demeure Ă©tablie la tradition normande a identifiĂ© », par superposition, Ă un moment donnĂ©, le pĂšre de Popa et Juhel BĂ©renger de Bretagne. Or, ne le perdons pas de vue, tout autant que Dudon, Guillaume de JumiĂšges, Orderic Vital, sans parler des autres, doivent tout ce qu'ils ont d'original sur ces temps lointains uniquement, pour ainsi dire, Ă la tradition. LES NORMANDS A SAINT-CLAIR PAR M. GERMAIN LEFEVRE-PONTALIS MESSIEURS, Je voudrais simplement essayer de rĂ©sumer devant vous, dans cette communication trĂšs sommaire, quelques points particuliers des Ă©vĂ©nements qui vinrent pousser vers la rive de l'Epte, en ce lieu historique de Saint-Clair aujourd'hui si heureusement glorifiĂ©, les Scandinaves guerriers partis de l'extrĂ©mitĂ© borĂ©ale de l'Europe et crĂ©ateurs du pays qui porte le beau nom de Normandie. Loin de moi l'intention de vous exposer la sĂ©rie des invasions opĂ©rĂ©es tour Ă tour, entre l'Escaut et la Garonne, par les infatigables combattants sortis des carĂšnes - 5o â marines de leurs barques audacieuses. Un narrateur antique de leur histoire ne disait-il pas dĂ©jĂ . Longue est la geste'des Normands Et griĂšve Ă mettre en roman. » Longue, certes, et illustre en mĂȘme temps, et telle qu'il ne saurait ĂȘtre ici question d'en aborder le rĂ©cit dĂ©mesurĂ©. Mais, en nous limitant en principe aux annales de- ceux que' nous-pourrions appeler les Normands,, de la Seine;, je ^enterai seulement, de vous prĂ©senter quelques vues rapides sur leur apparition et leur sĂ©jour sur les bords du fleuve qui sert de frontiĂšre latĂ©rale au Vexin, ainsi que sur les* conditions oĂč jadis, dans le site mĂȘme qui se montrĂ© et se prĂ©cise' actuellement Ă nos yeux, ils fixĂšrent les destinĂ©es de la patrie nouvelle qu'ils Ă©taient venus fonder dans la Neustrie gallo-romaine, oĂč s'Ă©laborait dĂ©jĂ peu Ă peu la notion d'un Etat qui allait devenir la France. Un instant vraiment singulier de l'histoire du monde est celui oĂč les peuples du Nord, qui semblaient avoir ignorĂ© jusque-lĂ les grands mouvements ethniques sous lesquels avait Ă©tĂ© submergĂ© l'empire de Rome, s'Ă©branlent Ă leur tour et se jettent hors de leurs lointaines et glaciales frontiĂšres. Leur procĂ©dĂ© d'invasion ! Je n'ai pas Ă vous le dĂ©crire. Il fut tellement diffĂ©rent de tous les procĂ©dĂ©s connus qu'il frappa les contemporains d'une stupeur affolante. Les eaux douces des fleuves et des riviĂšres, jusque-lĂ , n'avaient apportĂ© que des bienfaits. Les barques normandes leur firent produire la terreur et l'angoisse. On a beaucoup dissertĂ© sur les navires des Scandinaves^ sur leur nature et sur leur rĂŽle. Voici, je crois, ce qu'on en peut affirmer avec quelque chance de certitude. PremiĂšrement, ils ne prĂ©sentaient, Ă aucun degrĂ©, le caractĂšre de bĂątiment de combat. Les Normands n'en construisaient pas de cet ordre. Ils ne possĂ©daient que des transports chargĂ©s de guerriers. Les peuples qui se trouvaient pourvus d'une marine les gĂȘnĂšrent sĂ©rieusement. Les Anglais leur dĂ©truisirent en mer plus d'une flotte. Les Musulmans d'Espagne les tinrent toujours en Ă©chec. Ensuite, ces vaisseaux Ă©taient faits pour la double navigation marine et fluviale. Il fallait donc qu'ils fussent, Ă la fois, et solides et rĂ©sistants, capables d'accueillir Ă bord au moins une quarantaine d'hommes, et maniables et souples, façonnĂ©s pour la remonte des fleuves et des riviĂšres. Par consĂ©quent, des flancs bien membres, et peu de tirant d'eau. Une quille portante, pour les coups de mer, et des fonds plats, facilitant l'Ă©chouage, mieux mĂȘme, le halage Ă terre, plus encore, le roulage sur le sol. Comme superstructure, hors de l'eau, une saillie suffisante. Un pont, sommaire si l'on veut, mais un pont. On ne voit pas de bĂątiments non pontĂ©s faisant route de Trondjem ou d'Elseneur Ă la HĂšve. Et comment, sans un pont, abriter les armes, les provisions, tout l'appareil de base qui constituait la force de ces expĂ©ditions lointaines et conquĂ©rantes. Donc, robustes et gouvernables, pontĂ©s, plats de fonds, la proue menaçante et le sillage Ă©cumeux, il me semble que je les vois tels, courant sur la houle jaune dĂ© la mer du Nord, ou devant les falaises crayeuses de la Manche, donnant Ă pleines voiles dans l'estuaire de Seine, et remontant le chenal difficile du fleuve jusqu'au rempart primitif de Rouen, jusqu'Ă l'embouchure de l'Epte, jusqu'Ă la pointe dĂ©fensive de la citĂ© de LutĂšce. Deux dĂ©couvertes prĂ©cieuses, effectuĂ©es depuis une trentaine d'annĂ©es, en NorvĂšge, non loin de Christiania, Ă Gogstad et Ă Oseberg, ont restituĂ© au jour deux nefs Scandinaves, retrouvĂ©es dans le secret des terres et des tombes. Il faudrait toutefois se garder de trop gĂ©nĂ©raliser ces types, si intĂ©ressants qu'ils puissent se manifester. Les embarcations enfouies doivent Ă©videmment reprĂ©senter des variĂ©tĂ©s particuliĂšres, façonnĂ©es pour la circonstance avec un certain luxe, dont la dimension et la structure ne peuvent reproduire les spĂ©cimens usuels qui sillonnaient alors la mer et les cours d'eau français. Les navires Scandinaves qui apparurent en vue de nos cĂŽtes se dĂ©plaçaient Ă la voile aussi bien qu'Ă l'aviron. La voile leur servait en mer. Les avirons leur Ă©taient indispensables dans les rades, les mouvements de portet les eaux mortes. Comment remontaient-ils les fleuves, la Seine par ' exemple ? A la voile ? La conjecture n'aurait rien d'inacceptable, je suis du moins portĂ© Ă le croire. Dans certaines conditions, cette navigation en Seine, Ă contre courant, n'offre pas de difficultĂ©s insurmontables pour des bĂątiments adaptĂ©s Ă ses exigences et pourvus de bons pilotes du chenal. Les brises de l'ouest, si frĂ©quentes et si tenaces dans la rĂ©gion, permettent de progresser vent arriĂšre ou vent largue contre un courant moyen. L'obstacle principal pourrait consister dans ceci, que des voiles quelque peu hautes paraissent essentielles Ă ce genre de marche. Or, les barques normandes ne portaient que des mĂąts trapus et peu Ă©levĂ©s, dont l'unique voile semble avoir Ă©tĂ© mal amĂ©nagĂ©e pour recueillir les souffles arrĂȘtĂ©s par les cĂŽtes voisines, escarpĂ©es et encaissantes, par les cĂŽtes qui laissent seulement passer le long de leurs ravins ou des dĂ©pressions de leurs crĂȘtes les risĂ©es bienfaisantes sous l'effort desquelles chemine et progresse une carĂšne aventureuse dont la route contrarie le sens de l'eau. A l'aviron, avec ces longues et lourdes pales de bois qui dĂ©bordent les flancs des bĂątiments de haute mer ? â 5o â Ceci serait peut-ĂȘtre plus douteux. Le dĂ©veloppement extĂ©rieur des deux rangs simultanĂ©s de ces piĂšces interminables requiert forcĂ©ment un espace libre que l'Ă©troitesse du lit fluvial, en certaines zones oĂč il se trouve divisĂ© par des Ăźles, refuse plus d'une fois au navigateur. On pourrait cependant admettre, sans invraisemblance, la supposition d'une remorque par chaloupes, elles-mĂȘmes propulsĂ©es par des avirons plus courts et moins envahissants. Il me semble n'avoir encore vu proposer nulle part cette hypothĂšse. Je vous l'expose ici pour ce qu'elle peut valoir. Je dois cependant lui reconnaĂźtre une certaine valeur. Elle satisferait assez bien aux nĂ©cessitĂ©s que prĂ©sente le fait du passage des vaisseaux normands Ă travers telles ou telles difficultĂ©s du chenal. A la cordelle, le long des berges ? Il faudrait au prĂ©alable, en ce cas, admettre que la rive fĂ»t alors entretenue et surveillĂ©e, dĂ©barrassĂ©e par exemple, au moins sur un bord, des vĂ©gĂ©tations nuisibles et des obstacles entravants. AprĂšs tout, au temps de Charlemagne, il continuait sĂ»rement Ă exister une circulation fluviale rĂ©guliĂšre sur la Seine. La Hanse parisienne, qui remonte Ă une pĂ©riode si vĂ©nĂ©rable de notre histoire, l'exigeait dĂ©jĂ . L'empereur d'Occident n'eĂ»t pas tolĂ©rĂ© la disparition de cette voie commerciale. Et cet usage du cours d'eau devait comporter des marges nettes et des possibilitĂ©s de halage suffisantes. La prĂ©somption ne serait donc pas Ă rejeter de parti pris. Quoiqu'il en soit, Ă la voile, Ă l'aviron ou Ă la cordelle, les barques Scandinaves mordaient sur les eaux de la Seine, arborant Ă leurs proues, comme trois dĂ©esses marines aux gestes effroyables, la Consternation, la DĂ©tresse et la Peur. L'annĂ©e 841 poursuivait son cours. Les petits-fils de Charlemagne, coalisĂ©s deux Ă deux, Germains et Francs _ 54 - contre Lotharingiens et Aquitains, se prĂ©paraient Ă ensanglanter, vers les confins de la Bourgogne, les champs obscurs de Fontenoy, oĂč allaient se dĂ©cider la liquidation de l'Empire et la formation du royaume presque français de Charles le Chauve. Par une sorte de rapprochement symbolique, cette annĂ©e mĂȘme, une flotte Scandinave apparaĂźt Ă l'entrĂ©e de la Seine, Un chef audacieux la commande. Les chroniques latines le nomment d'un nom qui se traduit habituellement par la forme française Oscher. Je n'y a pas lieu d'hĂ©siter, et que cette dĂ©signation d'Oscher, qui comporte la consonne mĂ©diane dure et la consonne finale sonore, doit s'apparenter Ă©troitement Ă un nom, bien connu du vocabulaire des noms propres noriques. Les premiĂšres carĂšnes normandes qui fendirent les flots de la Seine avaient pour chef le roi de mer Oscar Les riches mou'tiers de l'estuaire, Saint-Wandrille, qui s'appelait alors Fontenelle, et JumiĂšges, aux souvenirs mĂ©rovingiens, sont immĂ©diatement saccagĂ©s. Rouen suit leur sort. Les agresseurs, cette fois, ne paraissent pas ĂȘtre remontĂ©s beaucoup plus haut que le flot de marĂ©e qui vient mourir, comme chacun sait, Ă l'embouchure paisible de la molle riviĂšre d'Eure. Quatre ans plus tard, un autre chef de bande, Ragnar, amĂšne cent vingt-cinq navires jusque dans la rĂ©gion sĂ©quanaise du Parisis. Charles le Chauve, hantĂ© par le dĂ©sir obsĂ©dant de prĂ©server Saint-Denis et ses trĂ©sors, abandonne LutĂšce. NĂ©anmoins les envahisseurs repartent. Mais leurs timoniers ont reconnu la route fluviale. Ils en attesteront bientĂŽt la pratique et l'usage. Quelques annĂ©es s'Ă©coulent. En pleine mauvaise saison, Ă la fin de 851, le viking Oscar, familier de l'estuaire, pĂ©nĂštre dans le Vexin. La rencontre de Vardes, sur le haut cours de l'Epte, le dĂ©sabuse et l'expulse. Mais Ă l'automne suivant, deux autres chefs, Godfrid et Sidroc, s'installent en face le dĂ©bouchĂ© de l'Epte. Ils amĂ©nagent et fortifient l'Ăźle redoutable de Jeufosse. ST Voici maintenant terminĂ©e la pĂ©riode des apparitions Ă©phĂ©mĂšres. Les Hommes du Nord vont dĂ©sormais constituer des stations permanentes. C'est une Ă©tape nouvelle de leur histoire qui commence et qui s'affirme. w Parvenu Ă ce point capital du dĂ©veloppement de la conquĂȘte normande, je tiens Ă rendre hommage aux travaux de deux Ă©rudits qui ont consacrĂ© de vigoureuses Ă©tudes Ă la narration de cet "Ă©pisode. Il convient de rappeler ici la belle dĂ©monstration de M. Jules Lair, que connaissent tous les membres de la SociĂ©tĂ© historique du Vexin, et le rĂ©cit tout rĂ©cent de M. Ferdinand Lot, si nettement prĂ©sentĂ©, si fortement Ă©tayĂ©, si vivant et si prĂ©cieux. En abordant l'examen de ces faits et de ces lieux, je me sers Ă dessein de cette expression, qui ne rĂ©pond en fait Ă aucune rĂ©alitĂ© de dĂ©signation topographique l'Ăźle de Jeufosse. C'est qu'en effet il est assez malaisĂ© d'identifier la forteresse ceinturĂ©e d'eau oĂč se cantonnĂšrent les Scandinaves entre les annĂ©es 852 et 862, l'Ăźle Ă qui les textes donnent le nom d'Oscellus, forme qu'une traduction approximative pourrait exprimer en français sous le vocable d'Oissel. Le site de Jeufosse â Givoldi Fos^a â compose actuellement encore un pa}rsage remarquĂ©. Un peu audessus de Vernon, avant l'apparition des falaises qui marquent en cette rĂ©gion le rempart crayeux du Vexin, les cĂŽtes de Seine, sur la rive du sud, prĂ©sentent une verte hauteur aux allures de montagnes, habillĂ©e d'herbe rase et de bouquets de genĂ©vriers. La courbe du fleuve Ă©pouse Ă©troitement la pente. Au-dessus, se dĂ©veloppe le plateau qui mĂšne Ă la vallĂ©e de l'Eure et â 56 â vers le pays Chartrain. Le village baptisĂ© par la fosse creuse du fleuve dispose en arriĂšre de la crĂȘte quelques maisons invisibles. En bas, s'Ă©grĂšne actuellement une rangĂ©e de trois grandes Ăźles. Celle qui se dĂ©coupe le plus en aval commande un large et magnifique bassin fluvial oĂč dĂ©bouche l'Epte, et qui semble fait pour abriter et loger une flotille remontante. Celle-lĂ , vraisemblablement, reprĂ©sente le lieu oĂč s'Ă©tablit la station normande. On l'appelle aujourd'hui l'Ăźle de la Merville. Je crois pouvoir la prĂ©fĂ©rer aux deux autres. Celle qui s'allonge le plus en amont, sur le trajet moderne des ponts qui joignent Bennecourt, logĂ© sur la banquette du Vexin, Ă BonniĂšres qui s'aperçoit en face, celle qu'on dĂ©signe actuellement sous le nom de la Grande Ile, semble Ă Ă©carter en principe. La situation de la terre insulaire oĂč les Normands se sont fixĂ©s doit nĂ©cessairement comporter â on verra pourquoi tout Ă l'heure â tout le long de son flanc et mĂȘme jusqu'au delĂ de son pointis supĂ©rieur, sur la rive du Vexin, du cĂŽtĂ© de l'embouchure de l'Epte, une Ă©tendue rigoureusement plate ou du moins praticable au roulage des barques Scandinaves sur le sol. Or tout le long de la Grande Ile, de ce cĂŽtĂ©, s'accusent de notables accidents de terrain, prĂ©lude des hautes falaises de plus en plus voisines du fleuve, accidents assez prononcĂ©s pour interdire toute possibilitĂ© d'une opĂ©ration de ce genre. L'Ăźle mĂ©diane, malgrĂ© son nom bizarre et expressif d'Ăźle de la Flotte, donne lieu Ă la mĂȘme objection, quelque peu attĂ©nuĂ©e peut ĂȘtre, mais nĂ©anmoins subsistante. En outre l'Ă©troitesse des bras qui la baignent â ou plutĂŽt la baignaient â ne paraĂźt lui assurer qu'une protection insuffisante. Reste l'Ăźle d'aval, celle qui commande dans cette direction toute la largeur du fleuve, et le long de laquelle,, du cĂŽtĂ© vexinois, se prĂ©sente largement la surface plane indispensable au transport terrien des navires normands. LĂ , selon toutes probabilitĂ©s, s'installa savamment le camp des Vikings. De l'Ăźle de Jeufosse, donc, une grande invasion, sous les rois de mer Sidroc et BjĂŽrn, ne tarde pas Ă s'Ă©lancer et Ă se disperser, vers Beauvais, Chartres, enfin vers Paris, une seconde fois ravagĂ©. Ceci survient en 856. En 858 encore, dĂ©vastation nouvelle. Je passe sur ces litanies de dĂ©sastre. Enfin, en 861, Charles le Chauve en vient Ă adopter une combinaison extraordinaire. Il stipendie d'autres Scandinaves, les Normands Ă©tablis Ă l'embouchure de la Somme, pour expulser leurs compatriotes de Jeufosse. Le viking Weland, porteur d'un nom bien connu dans les lĂ©gendes du Nord, le nom du forgeron d'une Ă©pĂ©e merveilleuse, se chargera d'expulser les vikings BjĂŽrn et Sidroc ou leurs successeurs entĂȘtĂ©s. Le plus curieux est que le marchĂ© fut tenu, loyalement. Il donna mĂȘme lieu Ă une manoeuvre inouĂŻe, attestĂ©e par les textes contemporains, et qui ne paraĂźt pas devoir ĂȘtre rĂ©voquĂ©e en doute. Il s'agissait de bloquer l'Ăźle de Jeufosse. En aval, la chose Ă©tait aisĂ©e. Les vaisseaux de Weland, remontant la Seine, pouvaient se ranger dans le grand bassin dont on vient de dĂ©terminer l'ampleur et le cadre. Mais par contre, en amont, la tentative paraissait impraticable, les assiĂ©gĂ©s se trouvant Ă mĂȘme d'empĂȘcher, par une attaque de flanc sortie de l'Ăźle, toute espĂšce de circulation dans les bras latĂ©raux du fleuve. Que Weland? Il hala ses navires Ă terre, les traĂźna sur le sol et les remit Ă flot de l'autre cĂŽtĂ© de la forteresse insulaire. Il engagea ses vaisseaux dans l'Epte, sans doute un Ă un et Ă la file. Je crois pouvoir supposer qu'une fois entrĂ©s dans l'embouchure de l'Ă©troite riviĂšre, pour les pousser plus haut vers le point dĂ©cidĂ©, il dut faire exĂ©cuter derriĂšre eux quelque digue provisoire, quelque bĂ tardeau bien compris, qui permĂźt au niveau du frĂȘle affluent de s'Ă©lever Ă la hauteur indispensable au flotte- â 58 â ment et Ă la marche des carĂšnes jusqu'au lieu de son cours nĂ©cessitĂ© par le hardi projet dont il abordait le risque. Puis, sortant les barques de l'eau, les montant sur la berge, il les fit, par les prairies parfaitement plates qui marquent le confluent, cheminer avec prudence et lenteur sur le sol. Elles devaient s'avancer, ou bien sĂ©parĂ©ment sur des rouleaux posĂ©s Ă cru sur la terre, ou bien Ă la file sur une longue glissiĂšre de bois graissĂ©. Puis elles regagnĂšrent l'onde, en descendant Ă nouveau dans le fleuve, Ă distance satisfaisante audessus de la pointe supĂ©rieure de l'Ăźle qu'il s'agissait de cerner, et dont elles achevaient ainsi l'investissement commencĂ©. Ainsi serrĂ©s de prĂšs, les assiĂ©gĂ©s capitulent. Vainqueurs et vaincus, exĂ©cutant des stipulations de paix obscures et compliquĂ©es, se dissĂ©minĂšrent en tous sens. Au printemps suivant, en tout cas, il ne subsistait plus de Normands dans la Seine. Pour essayer de prĂ©venir leur retour, le fleuve se cloisonna de barrages fortifiĂ©s. A Pitres, au confluent de l'Andelle, Ă Paris, sous le double pont de la CitĂ©, des cstacades s'Ă©rigĂšrent, protectrices et aprĂšs tout suffisantes. Il est avĂ©rĂ© qu'une autre dĂ©fense du mĂȘme genre fut installĂ©e dans la Marne, Ă Trilbardou, un peu au-dessous de Meaux. Le cours de l'Oise en possĂ©da-t-il une semblable ? Elle semblerait en tout cas plus logique et plus indiquĂ©e que la prĂ©cĂ©dente. Elle eĂ»t essayĂ© de prĂ©server le passage capital de Pontoise, clef de la vieille route romaine de Paris Ă Rouen, par laquelle s'exĂ©cutaient tous les mouvements des troupes qui pouvaient ' observer la navigation des flottes normandes - 59 - dans la Seine. Un texte formel, nĂ©anmoins, fait dĂ©faut sur ce point. Quelques annĂ©es de tranquillitĂ© s'ensuivent. D'ailleurs les Hommes du Nord se remuaient en d'autres rĂ©gions. Mais en 885 on les vit reparaĂźtre. Cette fois ils comptaient 700 navires et 40,000 hommes. C'Ă©tait la grande invasion. Tout ce qui prĂ©cĂšde n'en, Ă©tait que le prĂ©lude. Elle constituait un Ă©pisode des gestes de la Grande ArmĂ©e normande, formĂ©e dĂšs l'an 879 en Angleterre, puis transportĂ©e en ZĂ©lande, et dont les opĂ©rations peuvent. se suivre pendant treize campagnes, jusqu'en l'annĂ©e 892. Alors se place le siĂšge fameux de Paris, un des vikings de Jeufosse, Godfrid, contre TĂ©vĂȘque Gozlin et le comte Eudes, fils de Robert le Fort. Vous n'attendez pas que je vous en dĂ©taille l'histoire. Retenons seulement, Ă cette occasion, et l'occupation vraisemblable de Rouen, et le rĂ©armement problable de la station de Jeufosse, et l'entrĂ©e d'une division de la flotte normande dans l'Oise, et la dĂ©fense de la forteresse de Pontoise par le comte Autran qui fit retraite sur Beauvais, et la manoeuvre finale des vaisseaux normands devant l'Ăźle parisienne. Une fois le traitĂ© conclu avec les gens de LutĂšce, les barques marines, halĂ©es Ă terre sur la berge, glissĂšrent Ă la surface du sol, tout au long de la CitĂ©, pour pĂ©nĂ©trer dans le haut fleuve. Absolument comme Weland, naguĂšre, avait lancĂ© les siennes Ă travers les prairies herbues qui sĂ©parent l'Epte de la Seine. PrĂšs de deux ans aprĂšs, elles repassĂšrent de mĂȘme, en sens inverse. Et puis elles regagnĂšrent la mer. Mais tout autorise Ă penser que les Normands laissaient derriĂšre eux, et l'Ă©tablissement de Jeufosse maintenu comme position d'avant-garde, et la ville de Rouen conquise et conservĂ©e, et tout le pays neustrien d'alentour assujetti ou Ă demi colonisĂ©. â 6o â En effet, Ă partir de ce moment, un silence singulier se fait dans les textes sur les actes des Normands de la Seine. La seconde pĂ©riode de leur histoire, celle des invasions ravageantes, est achevĂ©e. Il semble bien que dĂšs lors, Ă partir de cette sorte de mainmise de fait sur une contrĂ©e enviable, commence la troisiĂšme Ă©poque, celle de l'occupation pratique et fĂ©conde. A l'extrĂȘme fin du neuviĂšme siĂšcle, en 896, on voit bien encore une flotille dĂ©vastatrice s'engager dans l'Oise, sous la conduite d'un chef au nom Ă©nigmatique de Huncdeus, qu'il faut traduire par le nom norois de Hundjof. Mais elle ne compte que cinq barques. Et Hundjof, prĂ©curseur de Rollon, se fait baptiser en Vermandois. Jusqu'en 911, mutisme des chroniques âąâ rares d'ailleurs â sur le groupe normand installĂ© Ă Rouen. En ce qui concerne Rollon, la tradition seule, recueillie deux gĂ©nĂ©rations plus tard par Dudon de Saint-Quentin, nous entretient de son existence et de ses actions. Qu'est-il donc permis de supposer? Que le peuple normand, peu Ă peu, se stabilisait, devenait sĂ©dentaire, changeait de civilisation. Les brillants guerriers aux armes Ă©tincelantes et naguĂšre trempĂ©es de sang commençaient Ă sentir les bienfaits de la terre oĂč ils avaient amarrĂ© leurs navires. Elle les prenait et les mĂ©tamorphosait de jour en jour. Les mariages devaient coopĂ©rer dans une proportion trĂšs apprĂ©ciable Ă cette transformation quotidienne. Combien peu de femmes Ă©taient venues des patries du Nord ! Leurs compagnes de fait et les mĂšres de leurs fils, c'est en Neustrie que les Scandinaves les avaient trouvĂ©es. L'influence du Christianisme ne pouvait pas â ĂŽiles laisser insensibles. Les archevĂȘques rouennais se dĂ©vouĂšrent Ă cette oeuvre. Lentement, les sentiments et les moeurs devaient Ă©voluer, selon des lois'toujours pareilles, celles que l'histoire rencontre et enregistre Ă chacun des accidents de sa route. En 911, tout Ă©tait sans doute prĂȘt, tout Ă©tait mĂ»r pour une solution pacifique et satisfaisante. Elle dut ĂȘtre traversĂ©e d'exigences. Ainsi peut s'expliquer l'affaire de Chartres, survenue cet Ă©tĂ© mĂȘme, cette reprise des campagnes d'invasion, cette attaque de la citĂ© de la Vierge Noire, si bizarrement improvisĂ©e, et dont Jeufosse constituait la base nĂ©cessaire. AprĂšs tant d'annĂ©es de tranquillitĂ© relative, l'Ă©vĂ©nement ne peut se comprendre que comme un essai de pression, exercĂ© sur le pouvoir royal, alors dĂ©tenu par Charles le Simple. L'affaire de Chartres rĂ©glĂ©e, l'armĂ©e normande refoulĂ©e, mais toujours menaçante, les dispositions de la paix dĂ©finitivement arrĂȘtĂ©es, on se donna rendez-vous Ă Saint-Clair, au point oĂč la chaussĂ©e antique dont le tracĂ© rectiligne traverse tout le Vexin franchissait la riviĂšre d'Epte. On devait y consacrer les engagements dĂ©jĂ souscrits en principe. Sur ses berges, la riviĂšre accueillit deux forces en prĂ©sence, la vigueur du glaive et le sentiment de la tradition. LĂ encore, en derniĂšre heure, des difficultĂ©s durent se manifester. Le protocole Ă©tait en jeu. Il offensait les Normands. D'oĂč le geste, trĂšs possible, exĂ©cutĂ© par le fondĂ© de pouvoirs de Rollon, et son irrespect lĂ©gendaire pour l'Ă©quilibre mal assurĂ© du descendant de Charlemagne. AprĂšs le traitĂ©, aprĂšs le baptĂȘme, aprĂšs l'accord dĂ©cidĂ© avec la princesse carlovingienne, fille de Charles le â 62 â Simple, cette GisĂšle symbolique dont l'heure actuelle vient de confirmer l'existence nuptiale et le rĂŽle, aprĂšs cet ensemble presque simultanĂ© d'Ă©vĂ©nements, la paix rĂ©guliĂšre s'imposait. Elle se rĂ©alisa. DĂ©sormais, les guerres françaises et normandes ne seront plus que des guerres normales et courtoises. Guillaume, le futur Guillaume Longue-EpĂ©e, dĂ©jĂ nĂ© de l'union de Rollon et de Poppa la neustrienne, assurait la continuation de la dynastie nouvelle promise Ă de si hautes et de si longues destinĂ©es. Je m'arrĂȘte ici, devant la crĂ©ation du pays brillant et vigoureux qui prend dĂ©sormais le nom de Normandie. A prĂ©sent, de cette Normandie francisĂ©e, le Scandinave du Cotentin, TancrĂšde de Hauteville, laissera essaimer sa descendance, les sept fils qui implanteront en Italie, en Sicile, jusque dans les principautĂ©s d'Asie, lĂ passion d'aventures et l'intrĂ©piditĂ© normande. A Falaise, Robert le Magnifique et la fille du tanneur s'apercevront Ă la fontaine du, faubourg et se rencontreront dans la Chambre Peinte. Que le songe d'Ariette survienne, et le ConquĂ©rant paraĂźtra. Et le Normand qui dĂ©barque sur la plage de Hastings et qui gagne l'Angleterre Ă la pointe de son glaive, â j'emprunte l'esquisse de cette image finale au docte historien Francisque Michel â le Normand qui a enjambĂ© la mer, d'une rive Ă l'autre, va pouvoir comtempler, tel un colosse antique appuyĂ© sur deux falaises, les navires fendant la houle de la Manche et passant Ă pleines voiles, Ă ses pieds. Lanature dans Le Vexin normand. Le Vexin normand est un pays agricole, vĂ©ritable grenier Ă blĂ© et Ă betterave de la Normandie. DĂ©ployĂ© en bord de Seine, vallonnĂ©, il offre des pays pittoresques aux paysages bucoliques : l'Andelle, le Vexin Bossu, le pays de Lyons Ses forĂȘts : Lyons (plus belle hĂȘtraie de France), Bacqueville, les BibliothĂšque DĂ©partementale de l'Aisne Parc Foch, Avenue du MarĂ©chal Foch BibliothĂšque dĂ©partementale de l'Aisne 02000 LAON Tel Adresse postale HĂŽtel du DĂ©partement - DC Rue Paul Doumer â 02013 LAON Cedex Tel 03 23 24 98 30 Nous contacter
Boucledes 2 Vexin au Pays de Nacre Cyclotourisme · 162 km · D+1020 m · 100 vus · 19 dl · 1 photo · monsph62. Un périple à ne pas manquer pour les amateurs de vélo ! Cet itinéraire de 160 km vous permettra de découvrir le Vexin Français et le Vexin Normand. Vous pédalerez ainsi jusqu'au Pays de la Nacr ».
Comment dessiner le territoire Ă lâhorizon de dix ou vingt ans ? Un atelier de recherche- action, VallĂ©es habitĂ©es, a Ă©tĂ© menĂ© dans 7 villages de la communautĂ© de communes du Vexin normand. Une rĂ©flexion participative et prospective qui a beaucoup enrichi les Ă©lus, habitants et professionnels. Ă lâorigine de cette rĂ©flexion sur lâavenir du territoire, se posent plusieurs constats un territoire trĂšs rural mais relativement proche des grands pĂŽles dâemplois⊠une population historique » en dĂ©clin⊠et de nouveaux habitants, souvent des citadins qui viennent sâinstaller Ă la campagne » sans toujours y trouver ce dont ils avaient rĂȘvé⊠au point que certains en repartent. Et une communautĂ© de communes composĂ©e de 39 villages et dâune ville-centre, Gisors, dont les Ă©lus sont prĂ©occupĂ©s par ces manques. La fermeture dâĂ©coles dans nos communes a amenĂ© les maires Ă sâinquiĂ©ter de la situation et Ă chercher des solutions », raconte François Letierce, maire dâHĂ©bĂ©court et vice-prĂ©sident de la communautĂ© de communes du Vexin normand, en charge des finances et du budget. Nous nous sommes dits au lieu de trouver des solutions, cherchons plutĂŽt quel est le problĂšme. Et il sâest rapidement avĂ©rĂ© que le problĂšme câĂ©tait que le territoire perdait des habitants. Si les Ă©coles fermaient, câest quâil nây avait plus dâenfants⊠» Câest ainsi que la rĂ©flexion a commencĂ© localement. Fin 2018, le conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement CAUE de lâEure lance un appel Ă projets pour expĂ©rimenter le programme de recherche-action VallĂ©es habitĂ©es, construit dans le cadre de la dĂ©marche Paysages, Territoires et Transitions », lancĂ©e par le ministĂšre de lâEnvironnement. Lâobjectif est de penser les conditions dâĂ©mergence de projets Ă mĂȘme de rĂ©gĂ©nĂ©rer une attractivitĂ© par la transition Ă©nergĂ©tique et Ă©cologique. » La mĂ©thode consiste Ă inviter Ă©lus, professionnels et habitants Ă rĂ©flĂ©chir et Ă expĂ©rimenter pour reconquĂ©rir des territoires en dĂ©prise. La dĂ©marche est portĂ©e conjointement par le CAUE27, lâEtablissement public foncier de Normandie et les territoires dâexpĂ©rimentation. Un accompagnement professionnel et bienveillant Nous avons Ă©tĂ© laurĂ©ats de lâappel Ă projets ce qui a dĂ©bloquĂ© prĂšs de ⏠sur trois ans pour mener des actions avec des urbanistes, des paysagistes et des artistes », raconte Jean-Charles Quillet, habitant de Saint-Denis-le-Ferment, ex-Ă©lu de sa commune, et aujourdâhui prĂ©sident de lâassociation intercommunale lâAvenir de la VallĂ©e de la LĂ©vriĂšre. Des collectifs dâartistes bien rodĂ©s Ă ces dĂ©marches participatives, PetitPoisPrincesse, et des professionnels de lâamĂ©nagement, la Fabrique du lieu, ont Ă©tĂ© mobilisĂ©s. Deux autres territoires se sont aussi engagĂ©s dans lâaventure, avec dâautres Ă©quipes, pour des rĂ©sultats cependant plus mitigĂ©s. Si lâexpĂ©rience a bien pris dans le Vexin normand, câest dâabord et avant tout parce que les Ă©lus ont acceptĂ© trĂšs volontairement de se plier Ă ce processus participatif de rĂ©flexion collective et de laisser parler les habitants. Câest aussi parce quâil a Ă©tĂ© habilement menĂ© par un collectif de professionnels, impliquĂ©s, et Ă lâĂ©coute », analyse a posteriori Sabine Guitel, la directrice du CAUE27. Des comĂ©diens chantent et dansent dans les villages Des comĂ©diens sont allĂ©s Ă la rencontre de la population dans les villages en organisant des ateliers et entretiens pendant lesquels ils pouvaient sâexprimer librement, en dehors des Ă©lus », prĂ©cise le prĂ©sident de lâassociation lâAvenir de la VallĂ©e de la LĂ©vriĂšre, Jean-Charles Quillet. Une dĂ©marche iconoclaste qui a certes surpris, mais aussi sĂ©duit et fĂ©dĂ©rĂ© les habitants⊠Il y a eu des rencontres, des fĂȘtes, des rĂ©unions, tout ceci dans lâidĂ©e que les habitants expriment leur vision du territoire Ă lâhorizon de dix ou vingt ans, de faire remonter des projets et de faire en sorte que tous sâen emparent. Aujourdâhui, le rĂŽle de lâassociation consiste Ă faciliter lâĂ©mergence de projets, Ă tester les besoins et les envies de la population et Ă faire remonter tout cela auprĂšs des municipalitĂ©s. Nous avons besoin des maires car ce sont eux qui dĂ©tiennent les clĂ©s du financement. Alors quâĂ une Ă©poque, chaque commune voulait son espace de coworking, ces rĂ©flexions avec les habitants ont montrĂ© quâil fallait ici un coworking, lĂ un lieu de santĂ©, et lĂ encore une structure pour accueillir les enfants. La rĂ©flexion doit ĂȘtre collective et pas individuelle, notre objectif câest de construire un projet de territoire » poursuit lâhomme, qui a jouĂ© un rĂŽle trĂšs actif de trait dâunion entre tous les participants, habitants, Ă©lus, artistes et CAUE27. Les artistes ont fait ressortir les qualitĂ©s du territoire » Si les Ă©lus ont Ă©tĂ© un peu interloquĂ©s au dĂ©part par la mĂ©thode utilisĂ©e, ils ont rapidement rĂ©alisĂ© que cette dimension culturelle offrait Ă tous un regard extĂ©rieur qui faisait naĂźtre des idĂ©es de faire ensemble, raconte Michel Dupuy, maire de Sancourt, 156 habitants. Les artistes ont pris des photos dans chaque village, ils sont sortis des sentiers battus pour nous faire regarder le territoire autrement. Puis une exposition a prĂ©sentĂ© ce qui plaisait. » Le maire dâHĂ©bĂ©court, 576 habitants, renchĂ©rit Les artistes ont fait ressortir les qualitĂ©s du territoire, ils nous ont montrĂ© ce quâon ne voyait plus⊠» De ces deux annĂ©es et demi de recherche-action ont surgi beaucoup dâidĂ©es, dâenvies, et de projets. Cette mĂ©thode, le fait dâĂȘtre accompagnĂ©s par un regard diffĂ©rent, câest la chose la plus importante, analyse le maire de Sancourt. Cela incitait les Ă©lus Ă ĂȘtre Ă lâĂ©coute des habitants ». Quel rĂŽle pour les Ă©lus ? Certes. Mais Ă quel moment ces projets peuvent-ils rĂ©intĂ©grer les conseils municipaux ? Et quel peut-ĂȘtre le rĂŽle des Ă©lus dans ce processus ? Certains dâentre eux Ă©taient surpris, voire bousculĂ©s par ce processus. Et on a failli retomber dans le piĂšge du âCe sont les maires qui dĂ©cidentâ », reconnaĂźt le maire de Sancourt. Heureusement, certains maires de la vallĂ©e qui avaient un peu de bouteille ont acceptĂ© avec humilitĂ© dâĂ©couter. Il faut faire un effort dâhumilitĂ© pour rĂ©flĂ©chir ensemble », analyse le maire dâHĂ©bĂ©court. Il ne faut surtout pas que les maires veuillent reprendre le pouvoir de façon autoritaire, mais quâils continuent Ă travailler ensemble en filigrane. Car il nây a rien de pire pour les habitants que dâaller Ă des rĂ©unions oĂč tout est dĂ©jĂ dĂ©cidĂ© dâavance⊠» Un territoire impliquĂ© et engagĂ© Ici comme ailleurs, la crise du Covid a quelque peu ralenti la dynamique engagĂ©e. Mais au cours de ces deux annĂ©es, des germes sont apparus, il faut maintenant les faire pousser », remarque le maire de Sancourt. Plusieurs projets sont nĂ©s de ces rĂ©flexions collectives la crĂ©ation dâune maison dâassistantes maternelles par exemple, et mĂȘme le lieu oĂč elle sera situĂ©e ce qui a fait lâobjet de controverse, chaque commune souhaitant lâavoir sur son territoire⊠; la mise en place de LâOutil en Main, une structure qui propose dâinitier les enfants aux mĂ©tiers manuels et du patrimoine au moyen de dĂ©monstrations de savoir-faire. Des habitants se sont attelĂ©s bĂ©nĂ©volement Ă la restauration de haies, et de chemins. Enfin et surtout aprĂšs que notre rĂ©flexion est partie de lâĂ©cole, nous y revenons Ă partir de nouvelles analyses faut-il les rĂ©nover ? Les reconstruire ? Les rĂ©inventer ? Et lĂ , les parents, les enseignants, les Ă©lus et tous les habitants sont impliquĂ©s dans la rĂ©flexion, » conclut le vice-prĂ©sident de la communautĂ© de communes.33r Gaillon 27120 Pacy sur eure (Ă 21 km de MĂ©ziĂšres en Vexin) CafĂ© Brasserie Ă Pacy sur Eure. Fratelli Bar 50 r Edouard Isambard 27120 Pacy sur eure (Ă 21 km de MĂ©ziĂšres en Vexin) CafĂ© Brasserie Ă Pacy sur Eure. Bars cafĂ©s dans les villes voisines. Contactez un bon Bar cafĂ© Ă Panilleuse - 27510 Ă 2 km de MĂ©ziĂšres en Vexin Contactez un bon Bar
10 dĂ©cembre 2015 4 10 /12 /dĂ©cembre /2015 0500 RĂ©gion NormandieDĂ©partement de l'EureVillage du Vexin normandOccupant la partie nord est du dĂ©partement de l'Eure et s'Ă©talant mĂȘme sur la rive droite de la Seine, cette rĂ©gion possĂšde une histoire et une architecture ses hautes falaises de craies blanches et ses paysages colorĂ©s qui Ă©pousent les courbes et les lumiĂšres de la Seine si chĂšre aux impressionnistes, cette rĂ©gion rĂ©vĂšle les typiques chaumiĂšres du Marais Vernier, rĂ©serve naturelle d'exception, territoire du Parc Naturel RĂ©gional des Boucles de la Seine Normande. Vascoeuil Photo Miguel Bravo c'est un petit village normand situĂ© Ă l'orĂ©e de la forĂȘt de Lyons, typique aux maisons de brique et en colombages. Il est rĂ©putĂ© pour son chĂąteau devenu l'un des plus vivants centres d'art contemporain de Normandie. Modeste dans ses proportions, le chĂąteau n'en demeure pas moins Ă©lĂ©gant et charmant. BĂąti du XIVe au XVIIe siĂšcle, il comporte des salles magnifiquement restaurĂ©es oĂč des expositions d'artistes contemporains se renouvellent sans cesse. Le village conserve Ă©galement son Ă©glise St Martial avec des parties du XIe et XIIe siĂšcle.$$$$$$$$$$$$$$$$$$Heudicourt Photo Eric Wanner sur aux limites du Vexin Normand, ce village s'organise entre son chĂąteau et son Ă©glise. Sur un long plateau de terre brune, une immense allĂ©e ombragĂ©e conduit au chĂąteau de brique et de pierre. Il fut construit au XVIIe siĂšcle par Michel Sublet, le seigneur du lieu. Le chĂąteau fut donnĂ© par NapolĂ©on Premier Ă son compagnon d'armes, le comte EstĂšve. L'Ă©glise d'un pur style flamboyant alterne les lits de pierre appareillĂ©e et de silex. Une route presque circulaire dessert les calmes maisons et leurs pelouses soignĂ©es, entourĂ©es de vieux murs en torchis Ă portails cintrĂ©s de brique, et des fermes dont la plus belle, celle du chĂąteau, garde une tour et une grange dĂźmiĂšre. Le petit bĂątiment Ă fronton triangulaire qui jouxte le chĂąteau fut autrefois l'Ă©cole du village. Published by janine - dans normandie DUBk.